Oeuvres historiques et art contemporain : emballement médiatique ?

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Difficile de rater la polémique autour de la dernière oeuvre de Christo, qui a littéralement emballé l’Arc de Triomphe. Cette performance a provoqué un déversement d’attaques, des commentaires allant de l’atteinte à l’Histoire de France au plus trivial « c’est moche ».

Pour autant, est-ce si surprenant ?

Les mélanges plus ou moins harmonieux entre les bâtiments historiques et l’art contemporain ont toujours suscité au mieux de la défiance, au pire de l’animosité. On peut retrouver des polémiques autour de l’emballement du Pont Neuf par le même Christo en 1985, les colonnes de Buren au niveau de la Place du Palais-Royal en 1986 ou la fameuse pyramide du Louvre en 1989. A ces incrustations plus ou moins temporaires de l’art contemporain dans l’immobilier urbain, il faut ajouter les expositions au sein de ces monuments historiques. Versailles en avait fait depuis 2008 un rendez-vous régulier et incontournable (Jeff Koons en ouverture, Anish Kapoor en 2015).

On a facilement tendance à oublier à quel point certaines de ces oeuvres, à commencer par la Pyramide du Louvre, ont défrayé la chronique (Le Monde est d’ailleurs revenu sur le combat d’un de ses journalistes contre cette innovation : Lien ici), allant parfois jusqu’à électriser le débat politique (un futur Président de la République promettant rien de moins que la disparition de la Pyramide).

D’ailleurs, faire parler d’une oeuvre est parfois prémédité. Une oeuvre d’art doit pouvoir nous interroger et parfois nous provoquer. Il n’est donc pas anormal qu’elle suscite des réactions, y compris négatives. Même si certaines oeuvres proposées ou les propos qui les accompagnent ne semblent avoir pour objectif que de provoquer le scandale et la médiatisation qui va avec pour des artistes et des monuments historiques en soif de toujours plus de reconnaissance et de visibilité.

Rien de nouveau sous le soleil, donc ? Pas tout à fait.

Ce qui est intéressant avec les oeuvres citées dans les années 1980, c’est que cette immixtion d’une modernité artistique a bien eu lieu. Aujourd’hui, il semble totalement impossible de reproduire ce type de création, sans obtenir une levée de boucliers. Ainsi, à la suite de l’incendie de Notre Dame de Paris, le Président de la République avait proposé le lancement d’un grand concours pour réinventer la cathédrale. Face à l’indignation suscitée, il avait finalement reculé et promis une restauration à l’identique. Une conservation par l’absurde puisque la cathédrale que chacun pouvait admirer, était en partie le fruit d’une restauration « moderne » de Viollet-le-Duc, qui était loin d’avoir respecté l’oeuvre originelle.

Aujourd’hui, c’est le projet de Christo qui a mobilisé les « réactionnaires » en tout genre.

Dans un monde qui va trop vite, une partie de la population cherche désespérément à s’attacher à des racines immuables. La nostalgie d’un temps passé face aux incertitudes du présent.

Si on ne doit pas céder à un conservatisme de mauvais aloi, il importe d’en connaître les causes et de les traiter. A la racine.

En attendant, Christo a réussi son coup. Un emballement médiatique, un triomphe artistique

Voir deux autres billets consacrés à l’art (L’échec prévisible des antennes des Musées parisiens et Clap de fin pour la culture française ?)

Voir aussi les autres billets consacrés à Notre Dame de Paris (Notre Dame de Paris : il est venu le temps des dons et des polémiques et Notre Dame de Paris : adapter un chef d’oeuvre)

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