Qu’est-ce qui fait notre humanité ? Où se situe notre différence avec les autres mammifères ? Après tout, nous appartenons toutes et tous au règne animal.
Cette réflexion/interrogation n’a cessé de prendre de l’ampleur au fur et à mesure que la religion reculant, la science a posé de nombreux dilemmes aux Hommes. En effet, dans un monde où Dieu n’est plus le créateur de l’homme (et donc ne détermine plus par essence sa spécificité), quelle place pour les hommes ? Ce n’est pas un hasard si la plupart des oeuvres, qui se sont penchées sur cette question, suivent les travaux de Charles Darwin. Dès lors, si l’évolution (et plus précisément, un processus de sélection et de hasard) a été la clé de l’arrivée de l’homme, comment justifier les différences entre ce dernier et les autres ?
Ces réflexions s’inscrivent dans un premier bouleversement lorsque l’Européen du XVe siècle a rencontré d’autres peuples qui bien que présentant nombreuses caractéristiques physiques similaires avaient des différences (notamment couleur de peau). En attendant les travaux de la génétique qui ont permis de mieux éclairer « ces différentes apparences », l’Européen s’était là aussi questionné sur sa propre identité. La Controverse de Valladolid, demandée par l’Eglise pour trancher le sort des habitants du Nouveau Monde, offre un très bel exemple de ces interrogations.
Quoi de mieux pour interroger notre humanité que de la mettre en balance avec des espèces proches à un degré différent ? Deux oeuvres ont particulièrement abordé cette thématique : Les animaux dénaturés, le roman de Vercors et La planète des singes, le film de Franklin Schaffner.
Après avoir évoqué le premier (voir Le questionnement de la nature humaine : Les animaux dénaturés), aujourd’hui, évoquons le second. Dans le film, une triplette d’astronautes humains traverse une perturbation spatiale et atterrit sur une planète non-identifiée. Après plusieurs jours de marche, sans croiser personne, ils tombent nez à nez avec un groupe de singes « civilisés ». Un seul des trois hommes survit et le voilà étudié par les singes. En effet, contrairement aux autres congénères de son espèce, il parle – les autres étant dépourvus de langage. Intéressante inversion de perspective puisque les scientifiques singes qui l’examinent s’attachent à définir s’il est « singe », c’est-à-dire un être doué d’intelligence. Le procès qui se tient pour déterminer la nature de cet homme n’est pas sans rappeler la Controverse de Valladolid autour de l’humanité ou non des Indiens.
Ce film est singulier car il arrive à traiter de nombreuses thématiques (religion, organisation sociale, …) à travers un prisme inversé. Le scepticisme, la crédulité, l’agressivité des singes ne sont que le reflet de tares bien humaines.
Et puis, ce film contient certainement avec sa scène finale une des chutes les plus fortes du cinéma. Sans révéler ce retournement, il possède une puissance rarement égalée, en plus d’être une belle image. Un message fort que l’on peut résumer ainsi : l’homme est responsable de sa propre turpitude.
Pour aller plus loin, je ne peux que vous conseiller cette super vidéo Youtube de Durendal consacrée à l’épisode 1 de La Planète des singes (https://www.youtube.com/watch?v=41Hhih-EG5U)
Voir Le questionnement de la nature humaine : Les animaux dénaturés