Avec le départ de Donald Trump après 4 années d’exercice, l’heure est venue d’effectuer un bilan de son impact sur l’état de l’Union européenne. Après tout, on parle quand même d’un homme qui a pris la tête de la première puissance mondiale et qui a désigné parmi ses adversaires: l’Union européenne, rompant avec des décennies entières de promotion par les Etats-Unis de la construction européenne.
L’entreprise d’un bilan peut se découper en 3 volets :
– les relations US/UE
– la construction européenne elle-même
– la visibilité de l’UE sur la scène internationale
Concernant les relations US/UE, ces quatre ans ont été difficiles, marqués par de nombreux différends entre les deux puissances. Outre les taxations commerciales décidées au gré des tweets de Donald Trump, la politique commerciale n’a connu aucune avancée significative (voir Taxations commerciales de Donald Trump : une riposte de l’Union, de guerre lasse et TAFTA : chronique d’un échec attendu). Le TAFTA n’a jamais semblé aussi enterré. Concernant les autres types de coopération, les remontades régulières de Donald Trump ont braqué à plusieurs reprises l’UE et ses Etats membres, attaques qui se sont étendues à d’autres organisations, à commencer par l’OTAN (OTAN en emporte les Etats-Unis).
Concernant la construction européenne elle-même, le bilan est de manière surprenante plus positif. En 2016, l’avènement de Donald Trump et le triomphe du Brexit semblaient marquer le début de la décomposition de l’Union européenne. Quelques mois plus tard, le constat était sensiblement plus mesuré, avec le reflux en France des populistes et la décomposition de la vie politique britannique. Ces deux événements (Brexit & Trump), loin d’affaiblir l’UE, ont plutôt poussé les Etats membres à être solidaires et à réaffirmer leur engagement dans le projet européen. De même, certaines politiques en pause à l’instar de la politique de défense ont été relancées grâce à l’animosité de Donald Trump, ce qui a poussé de nombreux Etats initialement réfractaires à s’interroger sur la bienveillance américaine et la pérennité du parapluie US (voir Trump : une chance pour l’Europe ?).
Enfin, last but no least, malgré les turpitudes de l’action conduite par Donald Trump au niveau international, l’UE s’est avérée incapable d’apparaître comme un acteur important. Sans même penser à une substitution, l’UE n’est pas arrivée à exister. Les sujets de consensus potentiels au sein des Etats membres existaient pourtant. A commencer par l’environnement, surtout dans un domaine laissé totalement vaquant par Donald Trump. Les Européens ont été globalement aux abonnés absents (voir Europe : une puissance internationale ?.
Ces quatre années laissent clairement un goût d’inachevé et d’occasion manqué. Le risque majeur est que la nouvelle présidence américaine conduise les Européens à ne plus se saisir des sujets et à de nouveau s’effacer face à l’oncle Tom
Voir aussi Election de Joe Biden : le temps des jours heureux ? / Europe et Etats-Unis : construire une relation au XXIe siècle