Brexit : les Anglais ont tiré les premiers

Au cours de la bataille de Fontenoy, « le comte de Chabanes, le duc de Biron, qui s’étaient avancés leur rendirent le salut. Mylord Charles Hay, capitaine aux Gardes anglaises, cria : Messieurs des Gardes françaises, tirez. Le comte d’Antroche, alors lieutenant des Grenadiers, et depuis capitaine, leur dit à voix haute : Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers, tirez vous-même. Alors le capitaine dit aux siens en anglais : faites feu. »

Le multilatéralisme et la confiance réciproque, éléments de base du contrat social interetatique ont-ils encore droit de cité sur la scène internationale ? On pourrait en douter au vu de l’actualité récente. 

Après avoir connu des atteintes répétées depuis le début de la Présidence Trump remettant en cause la promotion d’un ordre international bâti sur la règle, le dernier coup de canif nous vient d’outre-Manche. Moins d’un an seulement après avoir librement consenti à un accord de divorce avec l’Union européenne (voir Le Brexit, c’est maintenant ?), les Britanniques ont envoyé voler par dessus tête cet accord, reniant leurs obligations. Belle image de la parole donnée. Comme au cours de la campagne référendaire, il s’agit avant tout pour les dirigeants britanniques d’attiser un nationalisme de mauvais aloi.

Certains ont pris la défense préventive des pauvres Britanniques (sic) face à la dangereuse Union européenne qui n’aurait que des idées malveillantes à l’égard de son voisin. Curieuse vision des relations internationales où on prête à son partenaire ses propres malversations.

Est-il besoin de le rappeler une nouvelle fois ? Si malgré le divorce, l’Union européenne et le Royaume-Uni continuaient à avoir des liens, c’est parce que 1) ils avaient des objectifs partagés (notamment la paix en Irlande) et 2) le Royaume-Uni souhaitait garder cette proximité. Après tout, ce pays avait toujours été le chef de file du pragmatisme avant tout. Mieux un peu dedans que pas du tout dehors. La ligne politique a depuis sensiblement évolué puisque la symbolique (une indépendance de façade dans un monde interconnecté) prévaut sur le bon sens. Les Européens font mine de se raccrocher à l’antique sagesse britannique, ne voyant pas que le monde a changé. Il est tout même paradoxal que ce repli provienne du pays qui ait initié et diffusé les accords commerciaux internationaux. 

Les Anglais ont tiré les premiers. La courtoisie n’est plus de mise, aux Européens de riposter.

Voir aussi Brexit : un anniversaire en demi-teinte et Une année en Europe (2/2) : le Brexit

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