Suite à la réélection « triomphale » (sic) d’Alexandre Loukachenko à la tête de la Biélorussie, une contestation grandissante semble avoir gagné le pays. Dans un pays frontalier à l’Union européenne, une médiation européenne semble essentielle. Est-ce la fin du règne de potentat local ? Nous ne pouvons que l’espérer.
Longtemps, la Biélorussie a été considérée à part des autres pays européens au sens large (Turquie et Russie incluses). En effet, elle détenait le titre peu glorieux de « dernière dictature d’Europe ». A l’inverse des pays de l’ex-bloc communiste qui ont rejoint plus ou moins rapidement le modèle libéral (démocratie et économie de marché), la Biélorussie s’est enfoncée dans un régime autocratique. Au début des des années 2000, la Turquie et la Russie semblaient aussi prendre le virage occidental, la Turquie ayant même des rêves d’adhésion à l’Union européenne. C’est ce même rêve qui poussait tour à tour la Moldavie, la Bosnie ou la Serbie à engager des réformes et à se rapprocher de l’Europe de l’Ouest. En parallèle, l’Ukraine et la Géorgie connaissaient les « révolutions de couleur », pour s’ouvrir sur l’Occident et rejeter leurs régimes. En 2010, l’association des « Jeunes Européens Fédéralistes » pouvait ainsi faire une action de sensibilisation à l’échelle européenne contre la Biélorussie, qui s’inscrivait définitivement à part du reste de ses voisins (voir ici).
Qu’en est-il aujourd’hui ? Force est de constater que le mouvement de balancier en faveur de la démocratie est dans une phase descendante. Comme il semble loin le temps où la Turquie et la Russie se rapprochaient par tout moyen de l’Union européenne (voir La Russie, un partenaire pour l’Union ? et Turquie : le mirage révolu d’une adhésion ?). Désormais, deux potentats autoproclamés se partagent ces pays. L’Ukraine et la Géorgie oscillent entre l’Occident et l’Est. Pire, au coeur de l’Union européenne, en Hongrie et en Pologne notamment, le modèle libéral européen a subi des critiques ouvertes. Pas seulement de quelques énergumènes mais bien des responsables au pouvoir (voir Hongrie, Pologne, Roumanie : à l’Est du nouveau). De Viktor Orban en Hongrie chef de file de la « démocratie illibérale » (et tant pis si ce concept ne veut rien dire !) à Jaroslaw Kaczynski en Pologne, un autre modèle est prôné. Et la situation jusqu’alors inédite de la Biélorussie semble plutôt faire tâche d’huile. Que dire de la Russie de Vladimir Poutine érigée en modèle pour tout et n’importe quoi, y compris sur la gestion de la COVID19 (voir Vladimir Poutine ou l’attrait de l’autoritarisme) ?
En 10 ans, la situation a bien changé. L’Europe des Lumières, l’Europe libérale, semble partout contestée. Le recul des libertés et la contestation grandissante du progrès sociétal sont devenus les nouvelles normes (voir Le crépuscule de la démocratie ?)
Ecrira-t-on un jour d’un des pays européens : X, dernière démocratie d’Europe ?
Sur ce sujet, voir :
– sur la Russie et la Turquie : Vladimir Poutine ou l’attrait de l’autoritarisme, La Russie, un partenaire pour l’Union ? et Turquie : le mirage révolu d’une adhésion ?
– sur la Pologne et la Hongrie : Hongrie, Pologne, Roumanie : à l’Est du nouveau, Activation de l’article 7 du Traité sur l’Union européenne contre la Pologne : à quitte ou double ? et Article 7 : au tour de la Hongrie !