Que de notoriété acquise en si peu de temps par une femme encore dans l’adolescence. Cette célébrité soudaine se devait d’engendrer son lot de déversement de haines et d’insultes. Et rien que pour avoir concentré sur ton nom pas mal de la bêtise humaine, de Michel Onfray à Nicolas Sarkozy, tu as, Greta, toute ma sympathie. Vilipendée par quelques uns mais reçue partout, curieuse destinée que la tienne. Avec tes mots, des phrases simples, des expressions parfois dures, tu rappelles des évidences qui font mal. Oui, comme l’avait dit un ancien Président français, « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Il est visiblement bien plus passionnant de s’intéresser sur au port du voile des mères accompagnants scolaires que sur les moyens de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
Je ne comprends ni Michel Onfray, qui a l’insulte facile, ni Raphael Enthoven qui a le verbe haut. A quoi bon s’en prendre ainsi à une enfant ? Que fait-elle de mal si ce n’est pointer du doigt les responsabilités collectives ? Elle simplifie peut-être ici et là. Mais, comment lui en vouloir ? Elle s’échine depuis des mois, devant des assemblées en tout genre à rappeler l’état d’alerte de la planète. Et que fait-on ? On discourt à tout va. Certains ministres et députés de la majorité ont mal pris les critiques assénées par la future adulte. Pourtant, elles tombaient plutôt justes. Ce n’est pas en plaçant des l’article 1er de la Constitution que la République est parmi tant d’autres choses « écologique » qu’elle sera plus verte. Seul Dieu peut transformer le Verbe en Acte. Et clairement, en dépit de discours résolument écologistes, ce Gouvernement prend des arbitrages dans le sens inverse.
Greta, ta conviction, je la partage. Ta lutte, je la soutiens. Ton urgence, je la conçois.
Ne tiens pas compte de l’hystérie que tu provoques. Poursuis dans ta voie. Tes frêles épaules ne sont certes pas celles d’Atlas mais ta lutte est assurément un combat de titan qui devrait plutôt que la raillerie susciter l’approbation de tous. Je crois retrouver quelque peu en toi ce personnage de Romain Gary parti dans la brousse pour sauver des éléphants, pour défendre une certaine idée de l’humanité (voir Les Racines du Ciel : une lecture en résonance avec l’actualité). Lui aussi, on l’a moqué. Lui aussi, on a cherché à l’isoler. C’est pourtant lui qui renverse des barrières et des frontières, lui qui triomphe.