A la recherche des eurolâtres

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S’il est bien une espèce rare, l’eurolâtre en ferait indubitablement partie. Pourtant, elle ne figure nullement sur le registre des espèces protégées. Il faut dire qu’a priori, le profane pourrait ne pas la considérer comme en voie de disparition. Après tout, le personnel politique se plaît à longueur de journée à conspuer les adorateurs de l’Union européenne.  Un tel haro collectif doit être justifié par un nombre particulièrement élevé de spécimens.

Pourtant, à bien y regarder de plus près, difficile d’identifier un partisan pur et dur de la construction européenne actuelle. Un eurolâtre un vrai. Pas un eurobéat. Même Emmanuel Macron est critique à l’égard de cette Union européenne. Je vous invite à cet égard à faire le tour de votre entourage. Et si comme chacun, j’ai pu trouver un ami noir, je n’ai pas trouvé d’ami eurolâtre. Attention, cette règle de l’ami noir ne s’applique pas Brice Hortefeux qui lui préfère l’ami arabe – à condition qu’il n’y en ait qu’un, car dès le deuxième, les problèmes arrivent. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Brice. Pas Brice de Nice, mais l’autre.

Toute cette digression nous éloigne quelque peu de notre objet de recherche : l’eurolâtre. Et force est de constater qu’il est difficile à appréhender. On peut certes comprendre aisément qu’en ces temps troublés, l’eurolâtre se cache. Il ne fait pas bon d’être un thuriféraire de la construction européenne, un amoureux de l’Union européenne.

Pourtant, il faut être indubitablement être un passionné pour apprécier à sa juste valeur cette « organisation sui generis », cet « objet politique non identifié ». Ce truc qui ne rentre pas très bien dans aucune catégorie. Ni vraiment un Etat, ni totalement une organisation internationale. A la lisière de deux mondes. A l’heure des classifications en tout genre, on ne peut qu’être perturbé par son caractère bâtard. Il ne faut pas le cacher, il y a du fonctionnaire en chacun de nous. L’envie toujours irrépressible de mettre en place un formulaire et de s’assurer de pouvoir classer. On a moins peur de ce qu’on peut ranger dans une case.

En cette journée un peu spéciale, il fallait vous avouer quelque chose. Il y a du Tintin chez l’homme qui écrit ces lignes. Quand je dresse une filiation avec Tintin, je ne pense ni à son chien qui l’accompagne, ni à cette houpette qui le suit partout. Non, quand j’écris Tintin, je nous relie par mon désir d’être un détective-reporter globe-trotter.

Dès lors, ni une, ni deux, je me devais de me lancer à la recherche des eurolâtres. Après tout, Tintin était bien arrivé à mettre la main sur l’Abominable Homme des Neiges.

Au bout de nombreuses pérégrinations, je suis arrivé à mes fins. J’ai trouvé le dernier eurolâtre. Il vivotait dans un sous-sol du bâtiment Lipsus, construction abritant en son sein le Conseil. Un pin’s drapeau européen sur une chemise Calvin Klein, un exemplaire des Mémoires de Jean Monnet en espéranto, l’intégrale des discours de Jacques Delors en quatre langues, une photo de son Erasmus, et un passeport encadré dans un tableau comme relique d’un temps oublié, passeport auquel il avait fait agrafer son pass Interrail. Tous ces indices m’aidèrent à l’identifier. Il était en train de rédiger un projet de directive harmonisant les cartes électorales. Il s’agissait ni plus ni moins de rapprocher les peuples européens et de lutter contre l’abstention. En effet, comme ne pas se sentir tous frères et citoyens d’un même monde, avec une carte électorale identique ? Plus de tampon à l’encre qui peine à sécher et coule à la moindre goutte. Non, de l’électronique à tout crin. Juste à badger, un bip et à voter. Que d’économies de papiers en prévision de ce grand moment dans l’ère du numérique. Notre eurolâtre était content de lui. Il pourrait partir avec la certitude du devoir accompli. Avoir suivi le mantra de Monnet. Pas le peintre, chef de file des impressionnistes – même si le parallèle avec les pictogrammes de la carte électorale pourrait faire illusion. Mais le bâtisseur, père de l’Europe, qui appelait à faire l’Europe par petits pas.

En attendant, pour faire le Paris-Bruxelles, je n’ai pas hésité un seul instant, et j’ai pris le Thalys, avant de prendre l’avion pour New Delhi. A la recherche du dernier Indien. Je vous conterai cette histoire une autre fois.

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Alex dit :

    L’eurolatre est un extrémiste, un peu comme avant ma naissance les derniers sectateurs de l’URSS. Si les fondateurs de l’UE voyaient ce qu’elle est devenue, eux-mêmes regretteraient un tel gâchis . Toutes ces espérances brisées par la médiocrité, les dérives anti-démocratiques et l’extrémisme idéologique !

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    1. Nicolas dit :

      Le niveau de vos commentaires laisse clairement à désirer.
      Les mêmes attaques en permanence, les mêmes caricatures, pensez à vous aérer l’esprit en ces temps de confinement

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  2. Alex dit :

    Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de vous remettre en question ?… L’aveuglement idéologique n’est pas différent de l’aveuglement religieux : il consiste en une négation du réel, mais celui-ci n’a que faire des idéologies, qu’elles se nomment nationalisme, fédéralisme européen, communisme, fascisme, néo-libéralisme, anarchisme, intersectionalisme, eugénisme, platisme etc…. S’aérer l’esprit et s’émanciper intellectuellement c’est d’abord cesser de croire en des idéologies périmées (la vôtre l’est déjà, plus personne n’y croit) et déconnectées du réel (elles le sont toutes sans exception , par définition) .
    Dois-je vous rappeler que les fondateurs de l’UE n’étaient absolument PAS favorables au néo libéralisme économique devenu indissociable de l’UE contemporaine et qu’ils vivaient dans un contexte politique, géopolitique, social et sociétal totalement différent du nôtre ?
    Bien à vous (j’ai moi aussi cru en des rêves politiques mais c’est en m’aérant l’esprit que j’ai appris à m’en émanciper. Vous y viendrez aussi, je vous le souhaite )

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    1. Nicolas dit :

      Si vous avez perdu vos rêves et le sens des réalités par la même occasion, je ne peux malheureusement rien pour vous.
      Je vous souhaite d’arriver à passer à autre chose qu’à arpenter en permanence les pages de ce blog. Vous vous faites du mal inutilement, si vous voulez mon avis.
      Bonne journée

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      1. Alex dit :

        [Modérateur] Je ne vois pas l’intérêt de votre monologue [Modérateur]

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      2. Alex dit :

        [Modérateur] L’erreur est humaine ; mais, persévérer est diabolique [Modérateur]

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