Petit retour de la section littéraire de ce blog, pour parler aujourd’hui de la suite de La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale), Les Testaments, sorti en 2019.
Si la série télévisée qui reprend – au moins pour sa saison 1 – la trame générale du premier roman m’a immédiatement séduite, c’est peu dire que la lecture de La Servante écarlate m’avait laissée sur ma faim (voir The handmaid’s tale ou la chute de la démocratie). Certes, l’idée originale de la dystopie reste superbe. De même, on ne peut que saluer les multiples trouvailles pêchées ici et là de l’histoire tourmentée de l’humanité. Néanmoins, certains choix de narration m’avaient interrogé. Tout d’abord, si on n’a pas vu la série, il est très difficile de savoir dans quelle période se situe le chapitre qu’on est en train de lire. Si cette confusion entre passé, présent et futur est certainement volontaire, elle oblige à être extrêmement attentifs et on y perd – souvent – le fil du récit. Par ailleurs, l’un des principaux reproches qu’on pouvait adresser à ce premier roman est sa fin carrément bâclée. Tout s’accélère en quelques pages et on se retrouve avec une situation radicalement différente en l’espace de trois paragraphes.
Tout cet intermède pour signaler que c’est donc à reculons que je me suis engagé récemment dans la lecture de la suite de La Servante Ecarlate. Et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant cette fois un récit haletant, en tout point maîtrisé, où l’histoire de trois personnages se retrouve au fur et à mesure liée, jusqu’à sa conclusion finale. Le dernier chapitre m’a même ému. En parallèle, Margaret Atwood a ajouté de nombreux éléments de contexte au fonctionnement de Galaad mais aussi – et c’est fort appréciable – au reste du monde qui l’entoure. On y découvre notamment les attitudes des différentes nations face à la situation américaine. J’ai particulièrement apprécié cette pique adressée à l’inaction des Etats quant à la gestion de cette crise humanitaire, avec l’arrivée de nombreux réfugiés américains que personne ne veut prendre en charge (une situation qui n’est pas sans faire écho à l’actualité – Aylan : le naufrage des valeurs européennes). J’ai aussi apprécié le traitement réservé au personnage de Tante Lydia qui gagne indéniablement en épaisseur et profondeur.
Pour ajouter au plaisir (et faire le lien avec la série), le deuxième roman s’appuie sur de nombreuses idées distillées au fil du temps par le média télé. Ainsi, de l’histoire de bébé Nicole à la relation Etats-Unis/Canada, le roman intègre ses éléments qui font désormais parti de l’univers de La Servante Ecarlate et du monde de Galaad.
Amateurs de la série ou du premier roman, vous trouverez forcément votre compte à la lecture de ce deuxième opus.
PS : J’en profite aussi pour évoquer la saison 3 de The Handmaid’s Tale, qui après une première partie plutôt laborieuse – malgré une réalisation toujours parfaite – décolle enfin à partir de l’épisode 6. La conclusion finale de la saison est juste exceptionnelle. Ce dernier épisode comporte clairement son lot de moments émotionnellement forts. Bref, si vous avez eu du mal à entrer dans la saison 3, accrochez-vous, la fin en vaut la chandelle.
Pour ceux intéressés par la place de la femme dans la dystopie, j’ai rédigé un billet sur cette thématique : La femme dans la dystopie
Amateurs de dystopies et de série TV, je vous recommande aussi la série The man in the high castle (voir Uchronie télévisée : The man in the high castle).
Pour les amateurs de littérature, voir la section consacrée sur ce blog : Littérature.