Cadre financier pluriannuel : les bons comptes font-ils les bons budgets ?

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Loin du tapage médiatique, la presse étant accaparée par le traitement de la réforme des retraites et de l’épidemie du coronavirus, une bataille importante s’est jouée sur la scène européenne dans une certaine indifférence.  Une véritable guerre des tranchées où chaque camp est resté figer sur ses positions, malgré les différentes propositions et tentatives de compromis du Président du Conseil européen.

Toute cette guérilla qui a usé la patience des différents participants (journalistes compris) a pour origine le futur cadre financier pluriannuel de l’Union européenne. En effet, le budget de l’Union européenne s’inscrit dans un cadre de 7 ans qui détermine le montant du budget année par année. Si des ajustements sont possibles, les grands axes sont déterminés une fois tous les sept ans.

Or, le cadre actuel arrive bientôt à échéance (fin 2020). Dans un contexte particulièrement tendu puisque l’Union européenne perd avec le départ du Royaume-Uni l’un des contributeurs nets au budget (voir Cadre financier pluriannuel : préparer l’avenir)

Pour rappel, il y a sept ans déjà, l’adoption du cadre financier avait soulevé bien des difficultés. Résultat, la Commission européenne et le Parlement européen avaient consenti à une baisse inédite et historique du budget. C’est bien beau d’avoir de l’ambition dans les paroles et les projets mais si elle ne se traduit pas par des actes et des financements correspondants, cette ambition restera lettre morte.

Les naïfs auraient pu croire que le Royaume-Uni parti, le temps des psychodrames serait terminé. Plus de « I want my money back », plus d’insomnies. Après tout, le Brexit mettait fin au système du rabais britannique et à tous ses corollaires (les rabais sur le rabai).

Résultat ? Plus que les sempiternelles divisions affichées sur le devant de la scène internationale, c’est surtout cet échange digne de boutiquiers, chacun se lançant dans des comptes d’apothicaire. Où est l’intérêt général ? Où est la vision ? Le budget est un acte politique et il doit traduire une ambition, des choix. Ici, on additionne les mesures propres à satisfaire le plus grand nombre : pour les uns, le maintien de la PAC, pour les autres, le maintien des rabais, pour d’autres encore, le maintien de la politique de la cohésion. A l’inverse, et au détriment de toute logique, on sabre à tour de bras dans les politiques d’avenir. Curieuse ambition que le statu quo.

Entre les Etats qui s’inquiètent de leur contribution nette et ceux qui ne voient l’Europe que comme un tiroir-caisse, on est loin d’une réponse adaptée aux enjeux. Le risque ? Se retrouver avec un cadre financier au rabais et un budget réduit aux acquets.

Les bons comptes font peut-etre les bons amis. Mais, ils ne font pas les budgets ambitieux.


Voir aussi Budget européen : dure réalité (1/2) et Budget européen : avenir difficile (2/2)

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