Ca y est ! Enfin ! Après plus de 3 ans de débats, de crises, de négociations, voici que le Brexit sera désormais officiel vendredi à minuit. Certes, aucun peuple, aussi souverain soit-il, ne peut arriver à ce que sa volonté exprimée soit transposée irrémédiablement dans le marbre l’instant d’après ! Pour autant, personne ne pouvait penser qu’il faudrait aussi longtemps aux Britanniques pour parvenir à sortir de ce guêpier (et je ne parle pas ici de l’Union européenne, mais bien des conséquences du référendum du 23 juin 2016) dans lequel ils s’étaient eux-même fourrés.
On ne reviendra pas ici, pour l’avoir tant de fois dit, à quel point le Brexit a coûté en énergie et en divisions au sein même du pays qui avait voté sa « libération » (sic) [voir notamment Brexit ou l’impossible unité ?, Démission de Theresa May: tout a une fin, sauf le Brexit ou Brexit : un divorce partiel douloureux]. On a connu des départs moins mouvementés. Rarement, un pays n’aura été autant accaparé par un sujet, au point d’y consacrer toute sa vie politique et son débat public. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’autres sujets d’importance à traiter (au hasard, le réchauffement climatique). Pour une fois, la réputation de nombriliste des Français a clairement été usurpée par les Britanniques, soudain très désireux de savoir ce qu’ils étaient et ce qu’ils voulaient. Bien intelligent est celui qui peut parvenir à une réponse claire sur ces deux sujets après trois années à se torturer le cerveau.
Tout juste, pourra-t-on, comme l’indique le score élevé enregistré par le Brexit Party aux Européennes 2019, score confirmé par les Tories d’un Boris Johnson au programme résolument simpliste (le Brexit à tout prix), relever un ras-le-bol généralisé de la population. Mais, comment en vouloir aux Britanniques quand ils ont assisté dépités pendant plus de 1000 jours aux vicissitudes de leur propre décision ? Forcément, alors que la vérité, à défaut d’être ailleurs, apparaît souvent complexe, la simplicité, même mensongère, a l’atout d’être aisément compréhensible. Sus donc à Bruxelles, aux eurocrates, aux médias, et à toute cette engeance ! Sus au libéralisme décomplexé de l’Union européenne ! Et qu’importe au fond que ce libéralisme ait été piloté toutes ces années durant par des bataillons de lobbyistes anglosaxons et conduit par le Royaume-Uni lui-même. Au pays de Shakespeare, Tartufe est le roi.
Donc, ça y est, le Royaume-Uni a pris son destin en mains ! Le Brexit est devenu effectif ! Peut-on se réjouir, si comme moi, vous n’aspiriez qu’à la fin d’un feuilleton qui a trop duré (Si seulement How I Met Your Mother n’avait pas duré 6 saisons de trop elle aussi) ? Pas encore, malheureusement. En effet, si le Brexit est devenu acté, le Royaume-Uni continue encore de dépendre de l’Union européenne ! Et non, avant de pendre haut et court l’organisation internationale « dictatoriale » (sic), il faut savoir que cette période dite de transition est d’une part, temporaire et d’autre part, une demande des Britanniques eux-même (voir L’après Brexit : la période transitoire (1/2)). Difficile en effet de quitter du jour au lendemain soixante ans de législation. Il faut préparer les entreprises et les administrations à ce départ. Surtout, reste le plus dur. En dépit de certaines discours ânonnées ici et là, de nombreux Britanniques cherchent malgré tout à créer une relation intense avec le continent. Ce fameux « accord commercial » qui doit permettre de garder la plupart des liens (voir L’après Brexit : l’accord commercial 2/2). Il y a les discours. Il y a la réalité. Et justement, il n’est pas dit que cet accord commercial n’engendre pas lui aussi son lot de psychodrames, de retournements et de négociations hasardeuses.
Le Brexit est arrivé, le Brexit n’est encore pas terminé. Chic alors ?
Enfin ! Le Brexit est une chance…pour l’Europe.
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Complètement d’accord !
C’était d’ailleurs l’objet de mon premier article sur ce blog en 2016
https://regardseuropeen.org/2016/05/02/brexit-bonne-chose-europe/
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