(Trafalgar Square – Londres)
Comme annoncé en début d’année, 2019 constituait une année charnière pour l’Union européenne (voir 2019 : année charnière pour l’Europe ?). Deux événements clés devaient s’y dérouler. Les élections européennes d’une part. Le Brexit d’autre part. Si seulement l’un des deux événements eut lieu comme prévu, il convient de revenir sur ces deux jalons majeurs de la construction européenne.
Après avoir abordé les élections européennes 2019 (voir Une année en Europe (1/2) : les élections européennes 2019), place au Brexit.
Difficile de savoir par où commencer le résumé de cette année 2019. En effet, les événements des premiers mois de 2019 ont été complètement éclipsés par un second semestre lui-même plein de rebondissements, rebondissements dont certains tirent leurs origines des années précédentes (voir Brexit : résumé d’une chronologie cyclique). Bref, à moins de repartir du début, c’est-à-dire d’avant le référendum 2016, il faut trouver un point de départ qui fait sens.
Le mieux peut-être ici est de commencer par la fin : Boris Johnson a remporté sans contestation possible les élections britanniques anticipées du 12 décembre. Le voilà désormais doté d’une majorité établie autour d’une stratégie clairement énoncée : le Brexit à tout prix, et ce avant le 31 janvier (voir Triomphe pour Boris Johnson : vers une clarification autour du Brexit ?). Cela passe donc par faire avaliser son projet d’accord de sortie par le Parlement britannique et le Parlement européen – ce qui ne devrait être qu’une formalité désormais.
Ces quelques lignes déjà posées, on voit bien le chemin parcouru sur ces dernières semaines. Une personne qui sortirait d’une cure d’informations depuis huit mois tomberait des nues devant la nouvelle réalité politique du Royaume-Uni. Exit en effet Theresa May, valeureuse mais dépassée capitaine du vaisseau Angleterre (voir Démission de Theresa May: tout a une fin, sauf le Brexit). Exit par la même occasion son projet d’accord âprement négocié. En dépit de multiples tentatives de ratification, Theresa May n’aura jamais su faire avaliser son projet et n’aura pas résisté à la cuisante défaite électorale aux Européennes 2019. Car oui, incapables de trouver une solution pour sortir, les Britanniques se sont retrouvés contraints et forcés de participer à la dernière minute à l’élection – temporaire – de représentants (voir Elections européennes 2019 : attention au Brexit). Une farce que les chefs d’Etat et de gouvernement européens n’auraient jamais dû accepter, au risque d’abîmer un peu plus la démocratie européenne.
Et c’est peu dire que la personne qui l’a remplacé, un certain Boris Johnson, n’a pas cherché à temporiser et à apaiser la situation. En tentant maladroitement de suspendre le Parlement britannique (voir Annulation de la suspension, retour du Parlement : le Brexit en perdition ?), Boris Johnson a aggravé la fracture entre l’exécutif et le législatif et fait de la vie politique britannique un pugilat permanent. Si cette stratégie à la hussarde a été payante électoralement par la suite, il est peu probable qu’elle s’avère productive sur le long terme. On ne gouverne jamais sur des cendres.
A ce rappel historique s’ajoute un défi majeur : la question des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne est loin d’être résolue. Il faut encore parvenir à un accord commercial entre les deux entités. Comme le disait déjà Donald Tusk, alors président du Conseil européen en 2017, « le plus dur dans la séparation, ce n’est pas le divorce mais la construction d’une nouvelle relation ». Boris Johnson s’est dit sûr d’y parvenir en moins d’un an. Chiche ?
Retrouvez tout le dossier consacré au Brexit.
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1. Brexit : une bonne chose pour l’Europe ?
2. Brexit ou l’impossible unité ?
3. Brexit : résumé d’une chronologie cyclique