(Musée Thyssen – Madrid)
Avec l’émotion, nombreuses ont été les réactions sur les réseaux sociaux qui faisaient référence à l’œuvre majeure de Victor Hugo, dont l’élément principal est la cathédrale, monument à partir et autour duquel interagissent tous les personnages de ce récit. Outre des citations à tire-larigot de cet ouvrage, de nombreuses mentions concernaient des variations de Notre-Dame de Paris.
Comme tant de chefs d’œuvre littéraires, ce livre a eu le droit, en effet, à quelques adaptations, notamment pour être transposé à d’autres canaux artistiques. En France, lorsqu’on parle de l’histoire de Notre-Dame de Paris, on pense aussi à la comédie musicale éponyme et au dessin animé de Disney, Quasimodo, le bossu de Notre-Dame.
Et justement, comme beaucoup de membres de la « jeune » génération, j’ai grandi davantage avec ces deux supports qu’avec le matériau originel. Ce n’est que bien plus tard que j’ai pris plaisir à découvrir le roman de Victor Hugo. Quelle ne fut pas alors ma surprise de voir à quel point les transpositions ont été (ou non) fidèles. Ainsi, la comédie musicale a respecté l’histoire des personnages, alors que le dessin-animé de Disney change fondamentalement le positionnement des héros du récit, au point de les rendre parfois méconnaissables. L’exemple le plus parlant est sans conteste Phoebus qui passe d’un bellâtre ambitieux dans le roman comme dans la comédie musicale à un homme courageux et gentil à la fin du dessin-animé.
On peut certes comprendre la volonté de transformer la fin tragique en une conclusion plus heureuse, à destination d’un public plus jeune. Pour autant, une fin plus juste aurait été de voir Esmeralda et Quasimodo ensemble, et Phoebus punit de sa fatuité.
Néanmoins, les choix scénaristiques ont conduit à un non-respect flagrant de l’œuvre et des messages qu’elle portait.
A l’inverse, la Comédie musicale révèle une grande connaissance des intentions de l’auteur. On y retrouve les principaux arcs narratifs du roman. Si quelques aspects ont été retirés, ils étaient relativement secondaires (ex : les origines d’Esmeralda et leurs conséquences – pas de spoiler ici).
Là où la comédie musicale surprend, c’est dans l’intégration au sein même des chansons de certains chapitres annexes à l’histoire, mais non à l’œuvre. Ainsi, la chanson « Florence » reprend plusieurs des idées avancées par l’auteur sur l’architecture. Mais outre les idées, on peut retrouver plusieurs phrases du roman intégrées au sein même des chansons. Dans l’exemple cité, on peut noter « La littérature tuera l’architecture » / « Ceci tuera cela ». Non sans surprise, l’essentiel a su être préservé.
Si la fidélité à l’oeuvre originelle n’est pas forcément gage d’une bonne adaptation, ici, entre ces deux adaptations, une seule semble avoir compris l’oeuvre dont elle s’inspire.
Voir aussi Notre Dame de Paris : il est venu le temps des dons et des polémiques
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