Prix Nobel de la paix : Retour sur quelques controverses

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(Mafalda – Buenos Aires)

Mis à part son pendant littéraire, aucun Prix Nobel ne suscite autant la controverse que le Prix Nobel de la Paix. Il faut dire que contrairement aux autres Prix scientifiques, ces deux prix ont une part importante de subjectivité. Et ce n’est pas la possible désignation de Greta Thunberg qui permettra d’améliorer les choses. Il est assez ironique de voir à quel point celles et ceux qui la décrivent comme une pasionaria de l’environnement en viennent à tomber dans l’hystérie et l’invective dès qu’on parle de Greta.

Néanmoins, est-ce vraiment un hasard si le Prix Nobel de la Paix suscite autant la polémique ?

Après tout, ce Prix, dès son origine, portait le poids de ses contradictions. La paternité en revient à Alfred Nobel, inventeur de la dynamite – pas le meilleur outil pour faire la paix.

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire de ces Prix, une petite parenthèse. En effet, Alfred Nobel a eu l’infime honneur de lire sa nécrologie de son vivant, sa mort ayant été annoncée de façon quelque peu précipitée. Dans cet article pré-mortem, le journaliste, guère complaisant à l’égard d’un homme qu’il pensait déjà enterré, avait titré: « Le marchand de mort est mort ». Inquiet de l’héritage – et de l’image – qu’il allait laisser, Alfred Nobel décida de créer des Prix pour magnifier le génie humain, et la paix entre les peuples. Fin de la digression..

Parmi les casus belli, on peut noter l’orientation très américaine du Prix (23 lauréats !). A commencer par le dernier d’entre eux à l’avoir reçu, un certain Barack Obama. Forcément, après deux mandats de Georges W. Bush, l’arrivée d’un démocrate noir, parfaite antithèse du premier, apparaissait comme un souffle bienvenu sur la scène internationale. Néanmoins, le Comité s’est clairement précipité sur ce coup. Au delà des discours, quels actes sont à mettre à son crédit au niveau de l’avancée de la paix ? Il ne suffit pas de porter le Verbe haut, il faut encore mettre les mains dans le cambouis pour arriver à des résultats.

De manière plus générale, c’est toute la difficulté de récompenser des hommes d’Etat pour leurs oeuvres diplomatiques qui sont souvent loin d’être dirigées vers l’intérêt général mais répondent d’abord aux intérêts de leurs pays.

Deux mentions honorables à titre personnel : le Comité international de la Croix Rouge en 1944. Aung San Sun Kyi en 1991. Sans nier la contribution humanitaire du premier, on peut être critique quant à « l’aide » apportée par certaines sections pour aider les déportés à monter dans les camps d’extermination. Quant à l’icone birmane, son arrivée au pouvoir a engendré de terribles désillusions, notamment concernant le sort de la minorité.

Evoquer les erreurs du Prix Nobel oblige à revenir sur l’ « oubli » de Gandhi, candidat par excellence à ce Prix mais écarté suite aux pressions anglaises. On pourrait aussi mentionner Robert Schuman, et surtout Jean Monnet, les pères de la construction européenne. Oubli ici en parti réparé par la remise du Prix à l’Union européenne (Je ne reviens pas ici sur le cas de l’Union européenne, traité déjà dans cet article (L’Europe, est-ce la paix ?)

Néanmoins, pour être équitable, le Prix a eu son lot de vainqueurs intouchables. De Nelson Mandela à Yitzhak Rabin.

Suspens pour cette édition.


Voir aussi Réflexions autour du Prix Nobel de littérature

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