Après avoir encore fait patienter la presse française, n’aimant visiblement rien de mieux que de rester le « maitre des horloges » , Emmanuel Macron a officialisé le nom du nouveau commissaire aujourd’hui. La nouvelle bruissait déjà depuis quelques temps. Sylvie Goulard, ancienne eurodéputée, éphémère ministre des Armées du Gouvernement d’Edouard Philippe, et actuelle sous-gouverneure de la Banque de France, est proposée par le Président de la République.
Ce choix doit être encore approuvé par la nouvelle Présidente de la Commission. L’attribution de son futur portefeuille dépend d’un arbitrage entre les souhaits des Etats membres, arbitrage entre les mains d’Ursula Von der Leyen. L’arrivée de Sylvie Goulard à la Commission ne sera effective qu’après la validation du collège des commissaires dans son ensemble par le Parlement européen. Si l’approbation est uniquement collective, les eurodéputés n’hésitent pas régulièrement à demander le retrait d’un ou plusieurs candidats. Il paraît toutefois peu probable à ce stade que la candidate française fasse partie des recalés – sauf audition catastrophique.
En attendant donc la confirmation du candidat, que penser du choix opéré par Emmanuel Macron ?
Déjà, comme les deux derniers commissaires français (Pierre Moscovici et Michel Barnier), on peut se féliciter que le choix opéré par le Président de la République se soit porté sur une personne dont tant l’engagement européen que la connaissance technique du fonctionnement de l’UE sont reconnus. Le fait qu’elle soit polyglotte est assurément un atout.
Ensuite, à défaut d’avoir trouvé opportun de nommer des femmes aux principaux postes de pouvoir en France (Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale), Emmanuel Macron multiplie au niveau européen les candidatures féminines. Après avoir poussé pour mettre à la tête de la Commission et à la Banque centrale européenne une femme, le voilà qui récidive pour le poste français.
Seule pointe de regret toutefois dans ce choix : Sylvie Goulard est toujours sous une menace judiciaire. Elle avait dû démissionner de son poste de Ministre des Armées en 2017 suite à de potentielles pratiques illégales du Modem (dont faisait partie Sylvie Goulard) dans les missions de ses assistants parlementaires.
A cet égard, en nommant quelqu’un encore concerné par une enquête, Emmanuel Macron prend le risque de prêter le flanc à certaines critiques concernant la République exemplaire. De plus, alors que l’affaire des assistants parlementaires constitue l’une des principales épines dans le pied du Rassemblement national depuis quelques années, certains auront beau jeu de souligner la proximité entre les deux affaires, ce qui risque de relativiser les critiques portées contre le Rassemblement national.
Il reste encore quelques étapes à franchir avant de voir la troisième femme française rejoindre la Commission européenne. En attendant, on ne peut que souhaiter qu’elle laisse un meilleur souvenir que sa prédécesseur. Une certaine Edith Cresson.
Voir aussi
¤ Postes-clés de l’Union européenne : que penser des candidats ? (Partie I)
¤ Christine Lagarde future présidente de la BCE, une bonne idée ?