Postes-clés de l’Union européenne : quels enseignements (Partie II)

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(Chateau – Turin)

Ca y est. De la fumée blanche a été aperçue au dessus du nouveau bâtiment du Conseil européen.  Les chefs d’Etat ont trouvé une majorité qualifiée autour d’une candidate pour la Présidence de la Commission européenne. Forcément, eu égard au caractère important et symbolique du poste, les tractations ont été nombreuses. Et c’est un package global qu’a mis en place le Conseil européen, afin de satisfaire le plus de chefs d’Etat et de gouvernements :

¤ Mme Ursula Von der Leyen pour la Présidence de la Commission Européenne
¤ Monsieur Charles Michel pour la Présidence du Conseil européen
¤ Monsieur Josep Borell pour le poste de Haut Représentant des affaires étrangères
¤ Mme Christine Lagarde pour la Présidence de la Banque centrale européenne

Après un avis sur les nominations elles-mêmes (voir Postes-clés de l’Union européenne : que penser des candidats ? (Partie I)), plusieurs enseignements peuvent être tirés de ce tir groupé.

Tout d’abord, comme annoncé, le Conseil européen semble avoir repris le dessus dans le processus de désignation du futur Président de la Commission européenne (voir Désignation du Président de la Commission : les détestables coulisses de Bruxelles). On ignore encore certes le verdict du Parlement européen, qui peut invalider le choix qui lui est présenté. Néanmoins, compte tenu de ce « package » global, il est fort probable qu’une majorité soit trouvée autour du nom de Madame Von der Leyen. En effet, en parallèle, le Parlement européen a élu son Président, David Sassoli un Italien du Parti Démocrate, avec les voix du Parti populaire européen et sans que celui-ci ne présente un candidat concurrent. Il s’agit ainsi de « rééquilibrer » politiquement les institutions, en plaçant quelqu’un de sensibilité opposée.

Ce retour en force du Conseil européen semble consacrer la mort des spitzenkandidaten qui aura connu une seule application (voir Elections européennes 2019 : la fin des Spitzenkandidaten). Clairement, les chefs d’Etat et de gouvernement auront réussi à paralyser ce système, à force de présenter les candidats les plus insipides et de les faire élire comme tête de liste. Dans tous les cas, il sera difficile la prochaine fois pour le Parlement européen de revenir en arrière. La faute aux partis politiques européens qui n’ont pas su exister réellement.

Par ailleurs, ces choix constituent une grande victoire politique pour Emmanuel Macron, comme l’ont souligné bon nombre de commentateurs européens (voir Elections européennes 2019 : résultats et premières analyses – Participation en hausse et fragmentation du paysage politique). Pourfendeur du système des spitzenkandidaten, y préférant celui des listes transnationales, il aura réussi à bloquer l’arrivée de Manfred Weber, Allemand, droite conservatrice à la tête de la Commission européenne. Victoire qui s’accompagne de candidats plutôt macron-compatibles, à commencer justement par la Présidente de la Commission européenne (francophone de surcroît), le Président du Conseil européen (libéral aussi) et la Présidente de la BCE (française) (voir Christine Lagarde future présidente de la BCE, une bonne idée ?).
Tout juste pourra-t-on regretter qu’il ne soit pas arrivé à imposer le choix de Margaret Verstagher. Néanmoins, c’est logique : un projet à plusieurs ne peut avancer que par des compromis –  pour reprendre le titre d’un ouvrage récent publié par les Grecques.

Attention toutefois à ne pas réjouir trop vite. D’autres échéances arrivent et elles s’annoncent bien difficiles. Il y a certes le Brexit. Il y a surtout la désignation des autres commissaires. On le rappelle chaque Etat a droit à son Commissaire. Entre l’Italie, la Hongrie et la Pologne, les candidats risquent de provoquer quelques tensions. Il faudra espérer du Parlement européen un peu plus de courage politique sur ce point, sachant qu’il a déjà su par le passé repousser quelques personnes désignées par leur Etat. Affaire à suivre donc.


Voir aussi pour cette série d’articles :
¤ Désignation du Président de la Commission : les détestables coulisses de Bruxelles
¤ Postes-clés de l’Union européenne : que penser des candidats ? (Partie I)
¤ Christine Lagarde future présidente de la BCE, une bonne idée ?

Sur les résultats des élections européennes 2019 :
¤ Elections européennes 2019 : résultats et premières analyses – Participation en hausse et fragmentation du paysage politique
¤ Elections européennes 2019 : et maintenant ?

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