Christine Lagarde future présidente de la BCE, une bonne idée ?

Ca y est. De la fumée blanche a été aperçue au dessus du nouveau bâtiment du Conseil européen.  Les chefs d’Etat ont trouvé une majorité qualifiée autour d’une candidate pour la Présidence de la Commission européenne. Forcément, eu égard au caractère important et symbolique du poste, les tractations ont été nombreuses. Et c’est un package global qu’a mis en place le Conseil européen, afin de satisfaire le plus de chefs d’Etat et de gouvernements :

¤ Mme Ursula Von der Leyen pour la Présidence de la Commission Européenne
¤ Monsieur Charles Michel pour la Présidence du Conseil européen
¤ Monsieur Josep Borell pour le poste de Haut Représentant des affaires étrangères
¤ Mme Christine Lagarde pour la Présidence de la Banque centrale européenne

Cocorico oblige, attardons nous quelque peu sur le choix de Christine Lagarde comme future présidente de la 2e Banque centrale de la planète.

Succès indéniable pour Emmanuel Macron, ce choix soulève quelques interrogations plus ou moins légitimes.

Ecartons d’emblée le doute sur la compétence de l’intéressée. Christine Lagarde fut quand même Ministre de l’Economie de la deuxième économie de la zone euro, avant de céder sa place pour prendre celle de Dominique Strauss-Kahn alors Président du FMI.  Pour rappel, celui-ci, plein de désirs ardents pour la République, avait du renoncer à toute prétention politique après une affaire restée dans les annales des scandales.

Quatre ans comme ministre de l’Economie, sept ans à la tête du FMI, le tout durant une crise économique majeure. Voilà qui ressemble à des états de service parfaitement adaptés. Certains ont ergoté qu’elle n’était ni économiste ni banquière de formation. Au vu du pedigree de certains des derniers banquiers centraux de par le monde et de leurs actions, on ne peut pas dire que les diplômes académiques ou l’expérience directe soient toujours un gage de qualité. Ajoutons en plus que le rôle du Président de la BCE consiste à gérer la zone euro, et notamment pour cela à savoir parler aux marchés. Capacité que doit aussi avoir quelqu’un qui a présidé aux destinées du FMI.
Cela étant dit, on pourra toujours lui faire quelques reproches de principe, sur certaines déclarations maladroites en tant que Ministre de l’Economie (ex : le prix de la baguette de pain) et une incapacité partagée avec les institutions européennes et les Etats membres à résoudre la crise grecque.

La vraie difficulté personnelle que j’ai avec le choix de cette candidate est qu’elle s’est retrouvée mêlée à l’un des nombreux épisodes peu glorieux de l’affaire Tapie (ici, le choix douteux d’une procédure d’arbitrage). Elle n’a certes écopé d’aucune peine. Mais, la Cour de justice de la République – pas la plus répressive de nos juridictions – a quand même reconnu des « négligences » de sa part. Négligences qui ont quand même conduit la France à verser à l’homme d’affaires plus de 400 millions d’euros d’indemnités (dont – asseyez-vous –  50 millions  de préjudice moral – toute échelle des proportions et des valeurs ayant visiblement sautée.

La succession de Mario Draghi ne sera pas facile. Lui aussi a connu les critiques – justifiées – quant à son ancien travail pour Goldman Saches et – injustifiées – quant à son positionnement proallemand. Néanmoins, son mandat à la BCE fut une réussite en tout point. Il a su utiliser l’artillerie lourde économique pour mettre un terme au risque de déflation et à la crise des dettes souveraines. Et tant pis s’il provoqua un nombre incalculable d’ulcères à l’orthodoxie allemande. A l’inverse, Jean-Claude Trichet, son prédecesseur français, se caractérisa par une prudence fort couteuse à travers une politique monétaire classique.

De ces deux lignes de conduite bien différentes, il est à espérer que Christine Lagarde suivra celle de l’Italien plutôt que celle du Français.


Voir le premier volet de cette série sur les postes clés de l’Union européenne :
¤ Postes-clés de l’Union européenne : que penser des candidats ? (Partie I)
¤ Postes-clés de l’Union européenne : quels enseignements (Partie II)

Sur l’action de la BCE, voir aussi Crise de 2008 : quel bilan 10 ans après ? (2/2)

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. O dit :

    L’expression « fumée blanche » renvoie explicitement au Vatican et, en cela, est très révélatrice de ce qu’est devenue l »UE : tournant résolument le dos à ses principes fondateurs, elle s’est muée en une église intolérante, avec ses zones d’ombre, son intolérance, ses dogmes (ex. la règle inepte et scandaleuse des 3% avec les très graves conséquences humaines qui en découlent indirectement), ses rites er ses excommunications. Jadis, les chrétiens restés fidèles aux principes initiaux de leur religion étaient qualifiés d' »hérétiques » par le clergé, aujourd’hui les Européens restés fidèles aux principes humanistes et progressistes de l’UE sont qualifiés d’eurosceptiques. La similitude est troublante er le choix des mots éclairant.

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    1. O dit :

      Ligne 3 Lire « église sectaire » (et non « intolérante »)

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    2. Nicolas dit :

      Changez de crémerie. Vous ne semblez décidément pas trouver votre compte ici.
      Quant à vos interprétations et vos extrapolations, elles me laissent sans voix.
      Bonne journée

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