Il est encore trop tôt pour tirer un bilan définitif et complet de ces élections européennes 2019. Si la phase 1 s’est bien achevée dimanche 26 mai, la phase 2 faite de recomposition et tractations politiques est encore en cours, et pourrait, en fonction du résultat final, radicalement faire pencher l’analyse d’un côté ou de l’autre. Si Manfred Weber est retenu à la tête de la Commission, beaucoup y verront un succès pour le PPE et Angela Merkel. Si Margrethe Verstager était désignée, le triomphe en reviendrait à l’ALDE et Emmanuel Macron.
Néanmoins, en attendant ces décisions qui impacteront durablement l’Union européenne, il suffit de voir à quel point les deux derniers Présidents de la Commission ont marqué – négativement – les esprits. Tous deux ont réalisé l’exploit d’être relativement peu connu parmi la population, tout en étant plutôt rejeté par les personnes au courant de leur existence (voir Jean-Claude Juncker ou le verre à moitié vide).
En attendant donc, il me semble intéressant de revenir sur la difficulté qu’il y a à traiter un tel sujet. En effet, avant même de lancer réellement la campagne, il faut tout un travail de pédagogie pour expliquer le rôle et le fonctionnement du Parlement européen (d’où ce type d’article publié très tôt sur ce blog – Elections européennes 2019 : à quoi sert le Parlement européen ?). S’il semble naturel de voter pour le Président de la République en France, les autres élections souffrent souvent d’un déficit de notoriété et d’une méconnaissance globale du fonctionnement institutionnel français comme européen. En parallèle des explications, il faut répondre aux accusations en illégitimité de cette institution pas comme les autres (voir Elections européennes 2019 : peut-il exister une démocratie supranationale ?). Or, cet effort peut être déterminant. Après tout, pour la première fois, les élections européennes ont connu une meilleure participation que les élections législatives – le calendrier y est certainement pour beaucoup. Néanmoins, c’est une première qui doit être appréciée.
Ce travail d’explication est d’autant plus important qu’il permet de poser le cadre des discussions, puisqu’il circonscrit le rôle de l’institution à sa juste place. Cela n’évite certes pas les propositions fantaisistes totalement dénues de lien avec l’institution en question.
Il est d’autant moins facile d’aborder les élections européennes qu’il convient de ne pas limiter l’analyse à une somme d’enjeux nationaux, mais à bien faire ressortir les enjeux communs, tout en gardant à l’esprit qu’il y a des connotations locales qui persistent. Difficile ici de ne pas penser à la tentation toujours grande de « nationaliser le scrutin » autour d’un thème clé (le Brexit au Royaume-Uni, Emmanuel Macron en France) [voir Elections européennes : ne pas rejouer l’élection présidentielle].
Si les politiques publiques ont dans l’ensemble été abordées, les enjeux institutionnels ont eux totalement été passées sous silence. Pourtant, ils sont essentiels. Donner compétence à l’Union européenne dans plein de domaines sans changer les modes d’organisation, de décision ou de représentation s’avérera toujours insuffisants (voir Les 27 en quête d’un cap). Ouvrir le débat du futur de l’Union conditionne les aspects pratiques à venir. Or, de l’avenir de l’Union, il en a été en définitive peu question. C’est bien dommage.
Sur les résultats : Elections européennes 2019 : résultats et premières analyses – Participation en hausse et fragmentation du paysage politique
Sur la recomposition du Parlement européen : Elections européennes 2019 : et maintenant ?
Bon état des lieux des élections européennes et une écriture adroitement bien équilibrée entre technicité et clarté. Je valide !
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Merci beaucoup pour votre retour 🙂
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