Le temps passe, la polémique continue. La décision du Gouvernement d’augmenter les frais d’inscription à l’Université pour les étudiants étrangers a soulevé nombre de critiques.
On peut certes regretter le caractère quelque peu précipité de l’annonce, comme en témoigne d’ailleurs la précision tardive d’une augmentation des bourses destinées à ces mêmes étudiants.
Pourtant, sur le fond, et c’est le plus important, il s’agit d’une mesure de bon sens.
En effet, inutile d’épiloguer longtemps sur la situation dramatique de nombreux établissements universitaires français. Des salles trop petites, des locaux souvent vétustes, une numérisation des enseignements encore balbutiante… l’Université française est en retard. Constat qui est justement étayé par les nombreux classements internationaux sur le rang des universités. Il existe certes plein de biais à ces classements. Mais, ces biais ne peuvent suffire à cacher la cruelle réalité de notre système universitaire.
Le remède est simple. Il faut de l’argent. Les études ont un coût. Un enseignement supérieur de qualité aussi. Or, si l’Etat doit permettre aux étudiants de choisir leur orientation et proposer des choix de qualité, il faut bien que quelqu’un porte à sa charge le coût de ces études.
Pour trouver des financements, plusieurs voies sont envisageables, notamment une meilleure répartition des crédits ministériels entre les « écoles ou instituts » (type Sciences Po) et les universités ou un accroissement du mécénat (mais on voit bien que celui-ci se dirige principalement vers les gros établissements – souvent les mieux dotés). On peut aussi souhaiter une augmentation du budget de l’Enseignement supérieur. Toutefois, le mouvement actuel des Gilets jaunes n’appelle pas à une hausse des impôts. D’autant que les politiques publiques en souffrance (éducation, justice, santé) ne manquent pas.
Dès lors, l’affaire est simple. Où trouver cet argent ? Ne voulant pas faire peser le poids de ces études sur les Français, il a été convenu de mettre à contribution davantage les ressortissants étrangers (non membres d’un Etat de l’UE). Et c’est un bon choix. Il est normal que des personnes qui ne paient pas d’impôt en France participent de cette manière à des études aujourd’hui gratuites pour l’étudiant, pas pour la collectivité nationale. On devrait même aller plus loin, et réfléchir à ce que font certaines écoles aujourd’hui : mettre en place un système d’inscription qui dépend du revenu des parents. Les plus hauts revenus contribueraient certes davantage, et permettraient ainsi à tous de meilleures conditions d’enseignement.
Par ailleurs, et c’est tout autant bienvenu, il est logique de développer le système de bourses pour les étudiants étrangers, afin d’attirer les meilleurs et de permettre à certains qui n’ont pas les moyens de pouvoir venir. Il ne faut pas se voiler la face : l’attractivité des « cerveaux » est un enjeu stratégique.
Cette participation supplémentaire demandée aux étudiants étrangers les plus riches se retrouve d’ailleurs dans le système de santé français où un supplément est permis. Là encore, les prix affichés dans les hôpitaux ne répondent pas du tout aux coûts réels qui sont partiellement pris en charge par l’Assurance-Maladie. Assurance-Maladie qui est alimentée par les impôts des citoyens. Dès lors, rien de plus normal que ceux qui ne contribuent pas et qui ont les moyens de payer plus, doivent verser un supplément.