(Big Ben – Londres, Royaume-Uni)
A 10 jours de la nouvelle date de retrait du Royaume-Uni, Theresa May a demandé un nouveau report à Bruxelles, lançant en parallèle un appel à l’union nationale. Tout semble se précipiter depuis quelques jours. Il faut reconnaître que la période prévue par l’article 50 n’a jamais pas servie à discuter en interne du futur du pays. Or, en apposant une analyse simpliste sur le vote du 23 juin, les politiques britanniques ont oublié les divisions que cachait ce résultat.
Pour mieux comprendre la situation, voici 10 dates qui ont mis le Royaume-Uni dans cette situation.
¤ 17 janvier 2017 : ce jour-là, Theresa May présente à Lancaster son projet pour le Brexit. Discours qui se veut le premier jalon d’une marche triomphale, il est devenu au fil du temps l’épine dans le pied de Theresa May. En effet, la plupart des gens se sont concentrés sur les quelques phrases bien senties de la Première ministre, oubliant le flou général qui entourait ce discours comme le révélait pourtant ce mantra « Brexit means Brexit » (voir En avant pour le « flou » Brexit).
¤ 24 janvier 2017 : c’est peut-être ici que les ennuis ont véritablement commencé pour pour Theresa May. La décision de la Supreme Court, confirmant celle de la High Court délivrée quelques semaines plus tôt, rappelait le rôle central du Parlement britannique dans la vie politique du pays. Ainsi, un accord sur le Brexit devait nécessairement obtenir l’assentiment de la Chambre des communes (voir Le particularisme anglais à l’épreuve du Brexit).
¤ 30 mars 2017 : après plusieurs mois d’attente et quelques rebondissements déjà, Theresa May se décide enfin à activer formellement le processus de retrait du Royaume-Uni. Désormais, le temps court contre son pays. Néanmoins, les deux années de délai apparaissent alors suffisantes (voir 3…2…1… Brexit !).
¤ 13 juin 2017 : Catrastophe. Theresa May, aveuglée par ses premiers mois réussis comme Première ministre, déclenche des élections anticipées pour renforcer sa majorité. Bilan : son parti devient minoritaire. Elle est obligée de nouer une alliance de circonstances avec un parti fort turbulent, le DUP. Ou comment s’ajouter une double difficulté. (voir Brexit : l’inconséquence électorale).
¤ 8 décembre 2017 : après des premiers mois laborieux, Européens et Britanniques annoncent un « accord » sur le retrait du Royaume-Uni. Il ne concerne que les aspects liés directement au Brexit, et pas encore la construction d’une relation future. Pourtant, derrière cet accord de principe, le diable se cache dans les détails (voir Brexit ou l’illusion du mouvement). La question irlandaise empoisonnera notamment toute l’année 2018 de Theresa May (voir Question irlandaise et Brexit : la quadrature du cercle).
¤ 16 juillet 2018 : après des mois de polémiques et de provocations, Boris Johnson claque la porte, démissionnant de son poste de secrétaire d’Etat aux affaires étrangères pour entrer en lutte contre le projet d’accord porté par Theresa May. Les divisions du Parti conservateur s’étalent désormais en place publique (voir Brexit ou l’impossible unité ? et Boris Johnson : la représentation parfaite du Brexit)
¤ 21 septembre 2018 : malgré ses efforts, la proposition de Theresa May est rejetée par les autres Etats européens. L’intégrité du marché intérieur et le risque de voir le Royaume-Uni mettre en place une concurrence déloyale sont plus importants que les bons sentiments. Même les alliés traditionnels du Royaume-Uni se joignent sans sourciller au consensus. Theresa May est seule, seule en Europe et seule au Royaume-Uni (voir A six mois de la sortie du Royaume-Uni, le Brexit dans l’impasse).
¤ 25 novembre 2018 : que ce fut long, que ce fut douloureux. Et tout ça pour quoi, trouver seulement un accord sur le retrait du Royaume-Uni. La déclaration politique qui s’attache à poser les grandes lignes de la relation future ne masque pas le travail titanesque qui attend les négociateurs pour parvenir à un accord commercial qui satisfasse les deux parties (voir Brexit : un divorce partiel douloureux). Et encore, c’était sans compter la rebellion du Parlement britannique à propos du Brexit.
¤ 16 janvier 2019 : après avoir reporté au dernier moment le vote en décembre, Theresa May ne peut plus repousser l’échéance. Sans surprise, le Parlement britannique rejette à une très large majorité le projet qu’elle portait depuis des semaines. Comme l’a justement relevé Theresa May un peu désabusée, « on sait ce que le Parlement britannique ne veut pas, on ne sait pas ce qu’il veut ». Un report semble alors inévitable (voir Brexit : un rejet logique, des incertitudes multiples)
¤ 29 mars 2019 : deux ans après la notification du Brexit, le Parlement britannique apparaît toujours aussi divisé, à l’image du pays dans son ensemble. Le 12 avril devient le nouveau 29 mars, sans que rien ne soit réglé sur le fond (voir Un Parlement en opposition, un gouvernement en perdition : le Brexit en suspension).
To be continued….
A suivre :
¤ Le Brexit en 10 regards
¤ Le Brexit en 10 phrases