Il est clair que depuis l’origine, le projet européen n’a jamais suscité un consensus absolu. Néanmoins, au sortir d’une deuxième guerre mondiale qui avait encore mis à nouveau l’Europe à feu, la pertinence de mettre en place une coopération renforcée entre les Etats en Europe était largement partagée, comme en témoigne d’ailleurs le succès du Congrès de La Haye en 1947 (voir Traité de Rome : sexagénaire Europe).
Néanmoins, cette volonté d’unité en Europe suscita d’emblée deux courants bien distincts, entre les partisans d’une construction forte (Monnet, Schuman, …) qui mirent en place ce qui deviendrait plus tard l’Union européenne et les adeptes d’une construction souple qui tentèrent de répliquer avec l’AELE. Les devenirs de chacune des deux organisations est à cet égard révélateur des choix opérés au fil du temps par les Etats. En effet, là où l’AELE ne fonctionnait pas très bien, faute d’institutions supranationales fortes, la Communauté européenne se développait et s’étendait dans de nouveaux domaines (voir Pourquoi des institutions supranationales dans l’Union européenne ?).
Or, cette construction européenne a été soutenue par la plupart des partis politiques : le courant souverainiste à droite disparaissant au fil du temps dans la « mondialisation » et le courant communiste s’étiolant au fur et à mesure de l’effondrement de l’URSS.
Pourtant, avec l’orientation libérale de l’Union européenne au milieu des années 1990, il y eut de plus en plus de voix pour critiquer ce virage, sans pour autant remettre en cause la construction européenne. Les Partis communistes 2.0 et les partis écologistes émirent l’idée qu’il fallait changer l’Europe de l’intérieur. Aujourd’hui, cette contestation de la forme actuelle de l’Union européenne rencontre une adhésion globale des forces politiques. Il est d’ailleurs assez ironique d’entendre pléthores de partis de sensibilité différente tenter de se démarquer en affirmant qu’ils sont pour l’Europe, mais pas cette Europe-là. Personne ne défend aujourd’hui le statu quo, tant la situation actuelle n’est pas satisfaisante. L’Union européenne est malheureusement parfois dans la pire des situations : au milieu du gué, entre le saut fédéral porteur d’opportunités et le repli national qui rassure en ces temps de crise. Malheureusement, les Etats membres sont, à l’instar de cette fameuse pièce de Pirandello, en quête d’un récit commun (voir Les 27 en quête d’un cap).
Dans le même temps, le paysage politique européen a vu apparaître des partis dont le fil rouge était basé uniquement autour sur la sortie de l’Union européenne. Il y eut l’UKIP dont le triomphe – à défaut de se traduire dans les urnes – aboutit à la concession de David Cameron et au Brexit que l’on connaît. Avec la crise de l’euro, l’Allemagne a elle aussi connu le lancement d’un mouvement opposé à l’Union européenne, et plus particulièrement à l’euro. La vraie explosion de ces courants est davantage du à la crise économique de 2008 et au défi migratoire survenu depuis 2015. En France, deux mouvements occupe désormais ce rôle d’avant-garde antieuropéenne, l’UPR et les Patriotes – le second regroupant les déçus du revirement du FN (voir Démission de Florian Philippot : la faute à l’Europe ?), revirement qui n’est en réalité qu’un alignement sur les priorités de l’AfD en Allemagne, la ligue du Nord en Italie et le Fidesz en Hongrie.
Si les mouvements populistes principaux ont pour la plupart changé de stratégie quant à l’Union européenne – plutôt que d’appeler à sa destruction, il faut la changer RADICALEMENT – (voir Populismes en Europe – objectif : élections européennes 2019 ?), d’autres partis continuent à professer tout un discours d’annihilation pure et simple de l’Union européenne. L’UPR particulièrement s’est positionnée sur ce créneau, rejetant la construction européenne dans son ensemble, niant ses effets positifs, lui reprochant tour à tour d’être le projet secret des Etats-Unis et la continuité discrète des plans hitlériens (voir L’Europe, est-ce la paix ?). Si cette posture pouvait seulement être ridicule, elle est malheureusement largement partagée.
Cette vision totalement tronquée de la réalité européenne est dangereuse. En plus de nier les aspects positifs de la construction européenne, elle apporte au passé un schéma révisionniste. Surtout, elle empêche de parler du fond : les élections européennes à venir.
Sur ces élections, vous pouvez retrouver :
¤ l’importance du Parlement européen – Elections européennes 2019 : à quoi sert le Parlement européen ?
¤ la variété des enjeux – Elections européennes 2019 : Quels enjeux ?
¤ dix bonnes raisons d’aller voter et dix mauvaises raisons de ne pas y aller : Dix bonnes raisons d’aller voter aux Européennes 2019 ! et Dix mauvaises raisons de ne pas aller voter aux élections européennes 2019 !
Merci pour ce rappel. Pourriez-vous nous donner un éclairage sur ce qui se trame en coulisses pour la présidence de la Commission, les différentes options et ceux qui les poussent (Weber, Vestagger, Verhofstadt again ? Selmayr comme porteur de plusieurs intérêts hormis le sien…) Bonne journéeAlexandre Cabanis
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Très bonne idée d’article. J’essaierai de trouver le temps de le rédiger.
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