(Londres – Royaume-Uni)
Note du 12 mars 2019 : Voir la Note du 15 janvier 2019. Seul changement : le nombre de jours restants. 16.
Note du 15 janvier 2019 : Curieuse impression pour certains lorsqu’ils liront ces lignes écrites pour la séance du Parlement britannique du 10 décembre : elles n’ont pas pris une ride. En effet, faute d’une majorité à la Chambre des communes, Theresa May a repoussé le vote dans l’espoir de finir par trouver un accord avec les députés ou d’arracher une concession à Bruxelles. Echec des deux côtés. Or, en parallèle, le temps continue son chemin et déjà la date du Brexit est en vue (voir Chronologie du Brexit). 75 jours pour éviter de rompre dans le chaos et l’urgence plus de 40 ans de relations. La séance d’aujourd’hui s’annonce décisive.
Drôle de jour qui s’annonce pour le Royaume-Uni et Theresa May. Demain, le Parlement britannique est censé se prononcer sur le projet d’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. Que le Parlement approuve ou non cet accord, cette journée sera celle de Theresa May.
L’acceptation constituerait un premier pas pour Theresa May, un bond de géant dans le fil des négociations. Il ne « resterait plus » qu’à trouver un compromis autour de la relation future.
Le refus fragiliserait définitivement la position de Theresa May, qui serait certainement renversée en interne, avant d’aboutir probablement à des élections anticipées.
On se doutait que le poste serait ingrat, et la charge de responsabilité infinie. Après tout, le principal favori au remplacement de David Cameron, Boris Johnson, avait préféré renoncer (voir Qu’arrive-t-il au camp du Brexit ?). Il y avait quelque chose du joueur de poker qui voyant l’état déplorable de son jeu propose à un autre joueur de le remplacer au pied levé pour lui faire porter le poids de l’échec.
A l’heure du premier bilan, difficile d’évaluer la performance de Theresa May. Force est de constater qu’en dépit d’élections anticipées catastrophiques, des démissions en série, des confrontations défavorables à Bruxelles, des revirements récurrents, Theresa May tient (voir Theresa May : 50 nuances de Brexit). Certes, il semble loin le temps où elle apparaissait comme la « Iron Lady 2.0 ». Mais, elle a su faire preuve d’une capacité de résilience peu commune – certains parleraient d’acharnement. On peut noter qu’elle a été aidée par le champ de ruine que constitue la politique britannique post-Brexit : UKIP a disparu, les Tories et le Labour sont divisés en interne (voir Brexit ou l’impossible unité ?). Désunis sur le Brexit, les Conservateurs se retrouvent encore dans leur détestation commune de leurs adversaires, et cherchent à éviter par tout moyen de possibles élections anticipées. Il faut dire que les éventuels challengers semblent tous posséder plus de défauts que l’actuelle titulaire au poste. Alors, bon, entre deux maux, il faut choisir le moindre.
Néanmoins, l’heure de vérité approche. Le destin du Royaume-Uni et de Theresa May n’est plus entre ses mains, mais entre celle d’un Parlement – un temps, ignoré, et qui veut avoir son mot à dire. Une coalition baroque regroupant les eurosceptiques et européistes irréductibles, les écossais indépendantistes et les nord-irlandais unionistes, des Conservateurs et des Travaillistes intéressés par de prochaines élections anticipées, pourrait se former. Malgré leurs objectifs variés, voire contradictoires, tous pourraient se retrouver autour d’un même moyen : le rejet de l’accord présenté par Theresa May. Voilà qui promet une séance houleuse.
Plutôt que Sisyphe poussant son rocher infiniment, peut-être faut-il voir en Theresa May : Atlas, ce titan devant porter le monde – ici l’avenir du Royaume-Uni – sur ses épaules.
Même en cas de confirmation par le Parlement britannique, sa mission ne s’arrêtera pas aujourd’hui.
Voir aussi Brexit : un divorce partiel douloureux
Bonjour,
Merci pour votre chronique si utile en ces heures sombres.
J’attends ardemment votre commentaire de la tribune de Piketty & co parue dans le Monde
« Nous lançons aujourd’hui un appel pour transformer les institutions et les politiques européennes »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/09/nous-lancons-aujourd-hui-un-appel-pour-transformer-les-institutions-et-les-politiques-europeennes_5394926_3232.html
A bientôt Alexandre Cabanis
Le lun. 10 déc. 2018 à 08:05, Regards d’un Européen a écrit :
> Nicolas posted: « Drôle de jour qui s’annonce pour le Royaume-Uni et > Theresa May. Demain, le Parlement britannique est censé se prononcer sur le > projet d’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. Que le > Parlement approuve ou non cet accord, cette journée sera » >
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Merci pour votre retour.
J’ai effectivement lu cette tribune. Même si je partage certains des propos, notamment la nécessité d’un véritable budget qui accompagnera une véritable Assemblée (voir https://regardseuropeen.org/2017/04/26/budget-europeen-impot-futur/), il me semble que la tribune échoue à proposer une véritable révolution. Je suis plus que mitigé sur l’adjonction de parlementaires nationaux dans cette « Assemblée européenne 2.0. Originellement, l’Assemblée européenne était composée par les parlementaires nationaux. L’expression de déficit démocratique est même né de cette situation. A mon avis, la désertion des urnes traduit plus qu’un désintérêt, une incompréhension (voir https://regardseuropeen.org/2017/08/21/deficit-democratique-union-europeenne-parlement-europeen/).
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