(Parlement européen, Bruxelles)
Après une année 2016 plutôt rayonnante, le début d’année 2017 avait marqué un certain recul dans la montée des populismes en Europe. Tour à tour, les élections présidentielles en Autriche et en France, et législatives aux Pays-Bas et en France avaient semblé indiquer un reflux (voir Les populismes à l’épreuve de l’Europe).
La suite a clairement inversé la tendance. Autriche, Suède, Allemagne, Italie, et République tchèque ont à des degrés divers été touchés par le phénomène.
Pourtant, si on y prête attention, le discours a sensiblement évolué. Ces populistes ont changé d’optique. Finie la sortie de l’Union européenne. Exit la fin de l’euro. Plutôt que de s’attaquer à la citadelle européenne de l’extérieur, les populistes espèrent la modeler de l’intérieur. En somme, la stratégie d’Orban plutôt que celle de Bannon.
Que ce soit les difficultés du Royaume-Uni à sortir de l’Union européenne ou l’effroi que suscite auprès des électeurs une éventuelle sortie de la zone euro en Allemagne ou en France, il n’apparaît plus porteur d’appeler directement à la fin de l’Europe. Le saut dans l’inconnu reste toujours le meilleur moteur pour maintenir un certain statu quo.
Pour autant, il ne faut pas se tromper. Les populistes ont peut-être changé en apparence. Mais, ils ne sont pour autant pas devenus pro-européens. Incapables de détruire l’Union européenne de l’extérieur, ils veulent l’affaiblir de l’intérieur. Le moyen ? Les élections européennes 2019. Entre un Parti socialiste européen affaibli par la quasi-disparition de la social-démocratie en Europe et un Parti populaire européen tiraillé entre centristes et extrémistes, les populistes ont une voie toute tracée (voir Le Parti populaire européen peut-il perdre les élections européennes 2019 ?). Si la majorité au Parlement européen apparaît difficile à atteindre, une minorité pourrait perturber durablement une institution devenue non seulement essentielle dans l’élaboration des règles européennes mais aussi vitale pour faire vivre (ou plutôt, commencer à vivre) un espace d’expression du débat public européen. On l’a vu pour la directive droit d’auteur, mais aussi pour l’interdiction de la pêche électrique.
Dès lors, il faut s’engager sur la question européenne. Finies les têtes d’affiche insipides, terminés les discours creux, il faut faire vivre l’Europe. Et pour cela, les eurodéputés auront un rôle déterminant.
Voir aussi Qu’est-ce qui fait monter le populisme ?