Entretien européen avec l’eurodéputé Patrick Le Hyaric

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(Parlement européen, Strasbourg)

Comme indiqué la semaine dernière, le mercredi sera désormais consacré à la publication d’entretiens européens, c’est-à-dire d’entretiens autour des élections européennes 2019, mais aussi de manière plus générale autour du rôle du Parlement européen (voir Entretiens européens).

Aujourd’hui, place à l’eurodéputé Patrick Le Hyaric, membre du groupe parlementaire GUE/NGL, siégeant à la Commission de l’emploi et des affaires sociales au Parlement européen [2e mandat].

 

Entretien avec l’eurodéputé Patrick Le Hyaric

1) Quelle est la journée type d’un eurodéputé ?

Je ne suis pas un « eurodéputé » mais un député au Parlement européen. Les semaines de réunion de commission, nous discutons et élaborons les directives, nous les votons. Nous recevons les demandes de rencontres de personnalités, d’associations, de syndicats. Nous travaillons avec d’autres députés ou leurs collaborateurs sur des sujets en débat. Les semaines à Strasbourg, nous sommes en débat en séance plénière, en vote et dans des réunions de délégations ou de groupe.

2) Au cours de ce mandat, quel fut votre meilleur souvenir en tant qu’eurodéputé ? Le pire ?

Le meilleur fut probablement la sauvegarde du programme d’aide alimentaire européen qui menaçait d’être supprimé.

Le pire restera la mauvaise impression que même lorsque nous obtenons quelque chose, le refus d’un accord de commerce, du transfert de nos données, le blocage d’une ouverture à la concurrence, ou les programmes qui ont ouvert la porte à « la troïka » en Grèce au Portugal et ailleurs.

3) Selon vous, quelle fut la plus grande contribution du Parlement européen au cours de ces 4 dernières années ? Quelle fut l’occasion manquée ?

La pérennisation du programme Garantie jeunesse afin d’investir dans notre jeunesse et de créer des conditions pour remettre aux jeunes le pied à l’étrier. C’est un début bien que je défende le projet d’une allocation pour les études, la formation et le travail.

Les occasions manquées sont nombreuses parce qu’elles découlent du rapport de force en défaveur des forces progressistes au Parlement européen. Mais je garderai le vote sur l’interdiction du glyphosate où nous passons à côté d’une interdiction complète. Ou encore, lors du vote sur la libéralisation du transport ferroviaire en décembre 2016, il manquait 8 députés progressistes pour gagner contre cette directive.

4) Compte tenu de sa composition, il semble que le Parlement européen soit moins sujet à la dichotomie classique majorité/opposition. Est-ce un plus ? Ou est-ce au contraire une faiblesse.

Le Parlement fonctionne au compromis mou entre socialistes et conservateurs. Ils ont ensemble approuvé tous les dispositifs d’austérité qui nous ont mis devant le mur actuel. Politiques d’austérité.  Ce sont les travailleurs qui en font les amers frais.

5) Que manque-t-il au Parlement européen pour être un Parlement à part entière ? S’agit-il selon vous d’un manque de volonté ou d’un problème institutionnel ?

Un droit d’initiative législative. C’est un blocage institutionnel qui retire une grande crédibilité à ce Parlement alors que c’est un des principes constitutifs de toute assemblée. C’est évidemment un choix politique dans cette « a-démocratie » organisée…

6) Compte tenu des premières initiatives citoyennes européennes, comment faire évoluer le mécanisme pour que la parole des citoyens puisse davantage exister dans le débat public européen ?

En leur donnant la preuve que leur voix est entendue et que lorsqu’elle ne correspond pas à la doxa ultralibérale on ne va pas la mettre sous le tapis.

7) La place des lobbys à Bruxelles fait particulièrement débat. Trouvez-vous que les eurodéputés sont particulièrement confrontés à ce phénomène ? Que faire pour rassurer les citoyens sur ce point ?

Personnellement quand on parle des grands groupes, aucun ne m’a jamais demandé de rendez-vous. Par contre je reçois volontiers les associations, les syndicats, des personnalités dont la parole, les projets sont très utiles à mon travail. En toute chose, je fais primer l’intérêt général.

8) Devrait-on faire désigner les futures têtes de liste aux élections européennes via les primaires citoyennes ?

Je crois aux partis politiques et à la démocratie politique et non à l’aventure et à la démagogie.

9) Etiez-vous favorable aux listes transnationales ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

Sur le principe c’est une bonne idée, à condition de ne pas biaiser pour éliminer les forces de transformation sociale et écologique du Parlement européen.

10) Le Brexit, en un mot ?

Une tragédie shakespearienne.


La semaine prochaine, entretien avec l’eurodéputée Nathalie Griesbeck.

Pour retrouver les enjeux des élections européennes, c’est ici

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