Un nouveau référendum sur le Brexit : une fausse bonne idée

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(Big Ben – Londres, Royaume-Uni – 2012)

Au regard des difficultés politiques et juridiques qu’affronte Theresa May pour sortir le Royaume-Uni de l’ornière du Brexit (voir A six mois de la sortie du Royaume-Uni, le Brexit dans l’impasse), il n’est pas très étonnant que l’hypothèse d’un nouveau référendum ait peu à peu les faveurs de l’opinion.

En effet, en plus d’avoir fait une croix sur de nombreuses promesses illusoires et irréalisables, les Britanniques se rendent peu à peu compte que leur pays était étroitement lié au continent européen. Des isotopes nucléaires au programme Galileo, on ne  compte plus les sujets où le Royaume-Uni souhaite garder un partenariat avec l’Union européenne. Partenariat qui symboliquement ne s’appelle plus appartenance à l’Union européenne mais qui en présente par bien des aspects les mêmes modalités.

Plus étonnant, depuis peu, de nombreux Brexiters ont souhaité eux aussi organiser un deuxième référendum pour régler la question une fois pour toute. Sentant que le Brexit leur échappe, ils espèrent qu’un nouveau blanc seing du peuple fera taire définitivement les velléités.

Or, cette question d’un deuxième référendum reçoit un soutien croissant en Europe. A tort. Explications.

On peut déjà s’étonner, alors que le Royaume-Uni n’est même pas encore sorti officiellement de l’Union, il existe de nombreuses personnes nostalgiques de sa présence. Plus sérieusement, ces dernières semblent avoir oublié à quel point les Britanniques ont paralysé la construction européenne à de multiples reprises. Comment ne pas penser qu’un retour contraint des Britanniques n’aurait rien d’une sinécure pour l’Union ? Qui peut croire sérieusement qu’une fois revenu, le Royaume-Uni ne retrouverait pas sa capacité de nuisance à l’intérieur même de la construction ? Ce n’est pas parce que les Britanniques changeraient d’avis quant à l’appartenance à l’UE, qu’ils deviendraient pour autant euroenthousiastes. Encore moins qu’ils accepteraient de rejoindre la zone euro, l’espace Schengen et tant d’autres.

Surtout, malgré le soutien des partisans du Brexit, un deuxième référendum causerait un préjudice d’image à l’Union. Les critiques récurrentes contre son caractère antidémocratique reprendraient de plus belles. On reprocherait à l’Union – quand bien même cela ne relève pas de sa décision – d’empêcher un peuple de sortir, de ne faire revoter que dans un sens – et jamais dans l’autre. Bref, le retour du sigle débile l’UERSS.

Enfin, alors que le recours au référendum fut si décrié en 2016 par une partie des Européens comme un processus dangereux, comment soutenir aujourd’hui la même idée en sens inversé ? En effet, le référendum si vanté par les extrêmes ne produit rien de bon. Il est fort à parier qu’il en aille de même pour celui-ci. Qui peut, à cet égard, prévoir les suites d’un nouveau référendum au Royaume-Uni ?

Pour autant, il ne s’agit pas d’empêcher le Royaume-Uni de retourner un jour dans le giron européen. Mais, il est nécessaire que le pays quitte au préalable l’Union européenne. Son retour aurait une signification d’autant plus forte s’il était véritablement parti de l’Union. Rien n’a changé depuis 2016 : le départ du Royaume-Uni reste une bonne chose pour l’Union (voir Brexit : une bonne chose pour l’Europe ?). Cela ne m’empêche pas de souhaiter qu’un jour, nos chemins se retrouvent.


Sur le référendum, voir aussi Le référendum, outil démocratique ou arme populiste ? et Référendums et Union européenne : la construction européenne à l’heure de la souveraineté populaire

Sur le Brexit, voir le dossier consacré ici.

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