(Parlement européen – Strasbourg, France)
[Version actualisée 30 mars 2019]
Événement majeur de l’année 2019, les élections européennes vont permettre aux citoyens de l’ensemble de l’Union européenne – moins le Royaume-Uni officiellement hors de l’Union le 30 mars 2019 – d’élire leurs représentants pour 5 ans au Parlement européen (voir Elections européennes 2019 : à quoi sert le Parlement européen ?).
Outre le renouvellement des membres de cette institution, ces élections européennes présentent de nombreux enjeux pour plusieurs protagonistes, aussi bien au niveau européen qu’au niveau national.
Voici une présentation succincte des principaux enjeux :
1) En Europe
a) Sur les élections elles-mêmes
¤ Le renouvellement de la Commission ? A peine intronisé en 2014, Jean-Claude Juncker avait parlé de la « Commission de la dernière chance ». Il succédait à José Manuel Barroso ouvertement détesté, et arrivait dans un contexte morose après 5 années de crise. Pour autant, force est de constater qu’à rebours d’une autre promesse (« une Commission politique »), sa Commission s’est caractérisée par son omni-absence (voir L’effacement de la Commission européenne : « et pourtant, elle tourne » !). Il est temps de renouveler cette institution. La fin de mandat de Juncker aura été particulièrement raté (voir Jean-Claude Juncker ou le verre à moitié vide).
¤ Le maintien du Spitzenkandidaten ? : Qui succèdera à Jean-Claude Juncker ? Répondre à cette question revient à s’interroger sur les modalités de sa nomination, qui risquent d’être déterminantes. Qui du Parlement européen (c’est-à-dire les députés élus directement par les citoyens européens) ou du Conseil européen (les chefs d’Etat et de Gouvernement nationaux) doit avoir le dernier mot quant à la désignation du Président de la Commission européenne ? Comme en 2014, le Parlement européen prône le système dit du Spitzenkandidaten, c’est-à-dire la désignation en cette qualité de la tête de liste du Parti ayant remporté le plus de suffrages. Le Conseil européen souhaiterait s’en affranchir (voir Spitzenkandidaten : bal tragicomique à Bruxelles)
¤ La consécration du Parlement européen ? : Malgré ses nouveaux pouvoirs obtenus avec le Traité de Lisbonne, le Parlement européen continue de se réduire à quelques coups d’éclat. Plutôt de demander de nouvelles prérogatives, le Parlement européen doit se saisir des pouvoirs qu’il détient déjà (voir La revalorisation du Parlement européen : quel bilan ?).
¤ La place des partis populistes ? Ils ont à nouveau le vent poupe. Prospérant sur les attaques terroristes et le flux migratoire, ces partis ont fait de l’Europe une des responsables des difficultés de leur pays. La question que personne n’ose poser mais à laquelle tout le monde pense : ces partis auront-ils une majorité au Parlement européen en 2019 ? (voir Populismes en Europe – objectif : élections européennes 2019 ?)
¤ La place du Parti populaire européen (PPE, droite) ? : Longtemps hégémonique, le PPE subit une concurrence inattendue. En effet, le Parti Socialiste Européen (PSE, gauche) reste toujours convalescent, la plupart des PS nationaux étant au bord de la disparition (voir Gauches européennes : le renouveau ou la disparition). La menace ne vient donc pas de la gauche, mais de sa droite. Après avoir défendu le libéralisme forcé au sein de l’Union européenne, le PPE se retrouve mis en porte à faux et vendange sur les plate-bandes de ces adversaires, n’hésitant pas à conspuer l’immigration. Sa grande crainte ? Que le prochain Parlement ne soit pas sous sa direction (voir Le Parti populaire européen peut-il perdre les élections européennes 2019 ?).
¤ La victoire de l’abstention ? : Grande gagnante de ce scrutin – et de nombreux autres d’ailleurs -, l’abstention risque encore d’atteindre des niveaux élevés. Comment la combattre ? A qui la faute ? (voir Elections européennes 2019 : l’abstention pour seul horizon ?)
b) Sur le fond
¤ Défi migratoire : trois ans que dure la crise migratoire, trois ans que l’Union (et plus particulièrement, ses Etats membres) s’avèrent incapables de résoudre cette question. Il s’agit plus d’une crise interne d’ailleurs, tant le nombre de demandeurs est faible en rapport avec les capacités d’accueil des Européens. Mais, la peur et le populisme sont des fléaux que pour l’instant, les dirigeants s’avèrent incapables de prendre à bras le corps (voir Aylan : le naufrage des valeurs européennes).
¤ Approfondissement de la zone euro : en dépit des nombreux instruments adoptés avec la crise de la zone euro, la zone euro est loin d’être sortie d’affaire. Si la situation est incontestablement plus favorable qu’il y a 5 ans, les Européens doivent se saisir rapidement de cette question. Il ne s’agit plus de parer au plus pressé, mais d’agir sur le long terme. Sûrement, le plus grand des défis (voir L’euro, à quel prix ?).
¤ Accords commerciaux : face à une Amérique isolée en route vers vers l’autarcie, l’Union européenne multiplie quant à elle les accords commerciaux avec le reste du monde. Mais, alors que le TAFTA est mort né, le CETA à peine digéré, cette stratégie présente des limites, celle de l’adhésion des citoyens et de la société civile quant au système mis en place. On ne fera jamais l’Europe contre les peuples, mais avec (voir Politique commerciale commune : sortir de la crise ?)
¤ Brexit : 2019 verra aussi le départ effectif du Royaume-Uni. Néanmoins, quid des futures relations ? Impossible de le savoir à l’heure actuelle. Vous pouvez retrouver un dossier complet ici.
¤ Initiatives Citoyennes Européennes : Une des rares innovations permises avec le Traité de Lisbonne. Qu’en retenir ? Pas grand chose. Les rares qui ont abouti ont conduit à des actions limitées à quelques communiqués. Ni la Commission ni le Parlement européen n’ont su se saisir de ce formidable outil qui peut contribuer pour beaucoup à rapprocher l’Europe des citoyens (voir les propos sur le RIC Le référendum d’initiative citoyenne, une fausse bonne réponse aux Gilets jaunes ?).
2) En France
¤ Coup double pour En Marche ? Élu avec quelques circonstances favorables, Emmanuel Macron affronte son premier test électoral. Arrivera-t-il à reproduire sa méthode dans une élection qui ne ressemble en rien à celle de 2017 ? Pour avoir fait de l’Europe son ADN, ces élections constituent pour lui comme pour son parti un véritable test. En attendant, certains partis d’opposition ont déjà fait de cette élection un référendum contre Emmanuel Macron (voir Elections intermédiaires : ne pas rejouer l’élection présidentielle encore et encore).
¤ LR ou RN ? Qui des Républicains ou du Rassemblement national (ex-FN) aura le plus de voix ? Le résultat final risque d’avoir de lourdes implications quant à une éventuelle recomposition de la droite et de l’extrême-droite.
¤ Gilets jaunes : cette élection permettra-t-elle de tirer un trait sur ce mouvement ? Vaste question, aux implications essentielles. Un succès du parti présidentiel à cette votation serait insuffisant pour peser véritablement en Europe si les manifestations devaient persister. Compte tenu de la défiance d’une partie du mouvement à l’égard de la construction européenne, la vigilance est de mise.
Sur ces élections, voir Elections européennes 2019 : l’heure d’un débat public ?
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