
(Fondation Pinault – Rennes, France)
L’Union européenne aurait-elle fini par céder aux pressions américaines ? A lire l’analyse de Jean Quatremer dans Juncker, au service de BMW, on est en droit de le penser.
C’est peu dire que Donald Trump a joué une étrange partition au cours de ces derniers mois avec l’Union, alternant paroles bienveillantes et coups de semonce, ultimes suspensions et mesures de rétorsion.
A l’heure actuelle, Donald Trump a mis en place des taxes contre l’acier européen, sans être allé plus loin pour le moment. Suite à cette mesure illégale et sans raison autre qu’électoraliste, l’UE a réagi rapidement – pour une fois – et adopté des contre-mesures visant un ensemble de produits américains.
Qu’il semblait alors loin le temps où l’UE se contentait de réagir par communiqué de presse aux taxations illégales mises en place par Georges W. Bush – déjà.
Comme l’avait relevé justement l’ancien ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, l’UE est souvent le dindon du village global. En effet, l’Union est comme cet enfant surdoué en classe, mais qui se fait malmener dans la cour de récré face aux brutes. Connaître et appliquer les règles peut permettre de briller dans l’enceinte calfeutrée d’une salle de classe où tout le monde subit la même discipline grâce à l’arbitrage du maître d’école. Mais cela s’avère complètement inutile dehors, là où règne avant tout la loi du plus fort. Force est de constater qu’à ce jeu-là, les Américains sont les rois. Ils se contentent du minimum en classe, de quoi ne pas être mis au ban, mais agissent en maitres absolus une fois la porte passée. Il ne faut pas se leurrer, les Etats-Unis sont des promoteurs du libre-échanges à géométrie variable (voir Les Etats-Unis, apôtres du libre-échange ?
Or, face à un partenaire qui n’aime suivre que les règles qui l’arrangent, on ne peut se limiter à une attitude conciliante en permanence. Il faut toujours être prêt à frapper du poing sur la table. Aucun soft power ne vaut sans hard power (voir Europe : une puissance internationale ?).
Oui mais voilà, il semblerait que l’UE cherche à éviter à tout prix de nouvelles impositions de la part des Américains, quitte à donner d’emblée des gages aux Etats-Unis.
Ce serait une erreur. Elle montrerait des signes de faiblesse, au moment où elle doit le plus afficher sa force, non seulement face aux dangers qui la guettent aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Donald Trump veut déclarer une guerre commerciale au reste du monde. Il s’est mis à dos les Chinois, les Coréens, les Canadiens. Bref, autant d’Etats ravis de s’allier avec l’Union pour compenser les pertes des États-Unis.
L’Union européenne ne doit certes pas chercher à lancer des guerres commerciales. Néanmoins, si un de ses partenaires, à commencer par le premier, la menace ainsi, elle ne doit pas hésiter à répondre, plutôt que s’abaisser. Ce n’est qu’ainsi qu’elle s’affirmera comme une puissance commerciale respectée et crainte.
Sur ce thème, voir aussi Les Etats-Unis, apôtres du libre-échange ?
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