[Toute ressemblance avec des personnes réelles serait purement fortuite.]
Philip aime Theresa. Theresa aime Boris. Boris n’aime que lui-même. Tous trois partagent un appartement au sein d’une copropriété.
Mais, depuis quelques temps, rien ne va plus. Boris a poussé Theresa et Philip à faire sécession de l’immeuble. Ils veulent partir, sans trop savoir comment. Philip cherche à préserver de bonnes relations avec le reste de l’immeuble, Boris lui aimerait devenir le phare de l’humanité.
» Theresa, il faut choisir, s’agaca Philip. Tu ne peux vouloir être avec Boris ou moi. Cela n’a aucun sens. Nous sommes complètement différents.
-Mais, justement j’ai besoin de vous tous les deux, répondit Theresa. Vous m’apportez chacun quelque chose que l’autre ne peut me procurer.
– Tu vois bien que cet appartement est trop petit pour nous deux. Nous ne pouvons plus cohabiter ensemble.
– Ce n’est pas vraiment le moment de semer la zizanie.
– C’est moi que tu accuses de semer la zizanie ? Les critiques permanentes viennent de qui ?! Si encore c’était en privé. Mais je dois en plus supporter les pitreries publiques de l’autre clown.
– Tu parles de Donald ?
– J’aurais pu. Mais je pensais à Boris. Non seulement il me critique, mais il t’attaque aussi ! Il ne s’arrête jamais !
– Il s’affiche en public. Il vitupère en public, mais il s’écrase en privé.
– Il ne cesse de dénoncer ce que je mets temps de mal à sauver. J’essaie de me rabibocher avec nos voisins et lui jette de l’huile sur le feu en permanence.
– Il est entier.
– Il met en péril notre futur ! Il faut savoir arrêter. Tu te rends malheureuse.
– Cesse de parler en mon nom. Je suis assez grande pour s’exprimer toute seule.
– Je crois qu’au fond, Theresa, tu ne t’es jamais remise du départ de David.
– Un fin limier, celui-là aussi. »
C’était Boris qui venait de rentrer. Il n’avait pu s’empêcher cette déclaration tonitruante. Il n’aimait rien de mieux que dénoncer les élites pour mieux faire oublier qu’il en faisait parti. Visiblement, son petit numéro fonctionnait.
« Encore toi, regretta Philip.
– Arrêtez tout ou je fais un malheur.
– Quelle calamité de plus tu pourrais produire ? Nous avons déjà tout perdu par ta faute.
– Tu dramatises encore et toujours. Tu es un oiseau de malheur tout simplement.
– De quel succès nous as tu gratifié pour te pavaner ?
– La liberté, rétorqua Boris.
– La liberté ?! s’étrangla Philip. De quelle liberté parles-tu ? Celle d’être reléguée au dernier rang lors des réunions du syndic ? Jusqu’alors, nous avions l’oreille du concierge. Qu’en sera-t-il lorsque nous serons isolés ?
– Nous voulions que notre appartement soit plus grand et plus uni qu’il ne le fut jamais.
– Au lieu de ça, il n’a jamais aussi semblé étriqué et désorganisé.
– La faute à qui ? répliqua Boris.
– La faute à ceux qui sèment le désordre.
– Je ne vois pas de qui tu parles, le nargua Boris.
– Je crois que Michel en a marre et qu’il aimerait bien qu’on commence à se mettre à table, nota Theresa lassée de cette conversation.
Michel, le syndic de l’immeuble, était venu pour régler les derniers ajustements. On ne traitait pas 50 ans de vie commune en un clin d’oeil.
« Qu’est ce qu’il y a au menu ? demanda Boris, jamais le dernier lorsqu’il fallait manger.
-Du rosbeef, répondit Michel avec un sourire. »
Pour un autre récit imagé sur le Brexit, voir Brexit : tragédie shakespearienne
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