(Oeuvre – Tate Modern – Londres, Royaume-Uni)
Semaine un peu spéciale s’il en est, puisque le vote pour le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne fête ces deux ans. Ne vous attendez pas pour autant à trouver des cotillons et des confettis. L’heure n’est clairement plus à la célébration (voir Un an après : le blue(s) du Brexit).
A l’image de son Gouvernement écartelé entre Boris Johnson et Philip Hammond, le Parlement comme le pays ne savent plus vers qui se tourner. Si Theresa May dans son chaos initial apparut au départ comme le recours idéal, elle semble aujourd’hui incapable de se positionner (voir Theresa May : 50 nuances de Brexit). Ses marges de manœuvre s’amenuisent au fur et à mesure des rebellions parlementaires et des refus européens.
D’un côté, le projet de Global Britain, c’est-à-dire celle d’un Royaume-Uni mondial, a pris l’eau. La faute à son principal allié, les Etats-Unis, bien plus orienté vers une guerre commerciale qu’un quelconque accord. Comme le relevait le président du Conseil européen Donald Tusk, « avec de tels amis, pas besoin d’ennemis ». La faute aussi à leurs partenaires issus du Commonwealth bien plus intéressés par un accord avec une Union à 27 qu’un pays isolé. Enfin, que dire des autres pays, notamment ces géants asiatiques, qui ignorent superbement une île seule au milieu de l’océan ? (voir Brexit : la possibilité d’une île ?
Il reste bien la tentation de devenir un paradis fiscal, une sorte de Singapour 2.0. Mais, ce rôle-ci est déjà pris par la Suisse. Et puis, pas sûr que les laissés-pour-compte de la mondialisation verraient d’un très bon œil la perspective d’être un hub financier où transiteraient des milliards de dollars dont ils ne verraient clairement pas la couleur. Au demeurant, cela signifierait perdre l’accès aux services financiers avec l’Union européenne.
Alors, exit le Brexit ?
D’un autre côté, le Royaume-Uni se trouve, pour pouvoir trouver un accord avec l’UE à 27, à accepter de nombreuses concessions, comme autant de renoncements à son projet initial. De la présence de la Cour de justice à la question irlandaise, le Royaume-Uni cède peu à peu sur tout. Au point que l’on ne voit plus très bien où se situent les différences avec l’existant. A quoi bon toutes ces négociations si c’est pour aboutir au même point ? Surtout que les difficultés sont loin d’être résolues ! Au fur et à mesure que l’on entre dans le détail, on s’aperçoit de l’intensité des problématiques auxquelles sont confrontées les négociateurs. Chaque hypothèse emporte son lot de limites. Qui dit union douanière, dit règles communes. Qui dit traité commercial, dit pas de liberté de circulation des marchandises. Si s’entendre sur le divorce fut laborieux, comment qualifier les discussions autour de l’accord autour de la nouvelle relation ? (voir L’après Brexit : l’accord commercial 2/2).
Le pire, c’est que d’un côté comme de l’autre, le Royaume-Uni semble devoir accepter une solution perdante.
Deux ans maintenant que le Royaume-Uni concentre l’essentiel de ses forces et son énergie à trouver une solution à même de répondre au référendum du 23 juin 2016 tout en préservant des liens privilégiés avec l’Union européenne.
Dans ce dédale dans lequel le Royaume-Uni s’est plongé de lui-même, il faudra faire preuve de patience avant d’entrevoir une quelconque sortie. Si l’envol peut sembler la meilleure solution, ne jamais oublier qu’Icare grisé de sa soudaine liberté s’est brûlé les ailes.
Dernière actualisation sur le Brexit : A six mois de la sortie du Royaume-Uni, le Brexit dans l’impasse
Sinon, comme l’année dernière, série d’articles sur le Brexit à venir :
– Brexit : le revers de la médaille ?
– Brexit : le soap permanent ?
Petit retour vers le passé avec les 3 articles écrits en 2017 lors de l’anniversaire
– Brexit : année 0 : la fin de l’innocence britannique
– Brexit : tragédie shakespearienne : écriture d’invention autour du Brexit
– Abécédaire du Brexit : le Brexit en 26 lettres
Un résumé de la situation : Brexit : quels enjeux ?
Dans entrer dans le fond(s) de la négociation, il est clair que nos amis britanniques souffrent d’un handicap insurmontable dans cette négociation : la conclusion, au delà des effets de manches, est affichée. Dans quelques mois, sauf retournement dont ce damné pays est bien capable (refus du parlement, des tribunaux, ou même de la Queen), le RU aura quitté l’UE. La négociation n’est donc que façade, jeux d’ombres et détails et le RU est perdant quel que soit le sujet car il négocie toujours dos au mur.
La dernière tragédie shakespearienne (départ de Davis et Johnson) n’est que du théâtre, et la négociation ne peut plus guère porter que sur les modalités. Hard ou soft ? Encore faut-il que l’adversaire soit d’accord !
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