Coup sur coup, le Moyen-Orient, terre tragique par excellence, zone de conflits où se mêlent religions, histoires, influences et alliances, a été au cœur de l’actualité. Sur un territoire, où toute modification infime des équilibres en présence peut aboutir à des bouleversements majeurs, Donald Trump et son cocktail diplomatique ne pouvait qu’embraser la région.
D’une part, Donald Trump a annoncé qu’il ne reconduirait pas l’accord sur le nucléaire iranien conçu en 2015 avec plusieurs grandes puissances dont les Etats-Unis et l’Iran. Pour rappel, cet accord visait à réduire les sanctions internationales qui pèsent sur l’économie iranienne en échange d’un renoncement du pays au nucléaire militaire.
D’autre part, Donald Trump a procédé au transfert du siège de l’Ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, capitale annoncée d’Israël et de la Palestine.
Ces coups d’éclat successifs de Donald Trump ont accentué l’orientation de la politique américaine menée depuis toujours. Si les Etats-Unis sont longtemps apparus comme l’interlocuteur par excellence de part leur position hégémonique, leur politique aujourd’hui totalement partisane les prive désormais de ce rôle névralgique. En effet, les pays du Moyen-Orient peuvent difficilement s’en remettre aux Etats-Unis pour jouer le rôle d’arbitre.
Or, ces décisions peuvent constituer une aubaine pour l’Union européenne, afin de s’imposer dans cette région. Il ne s’agit pas évidemment de recourir à la force, mais de proposer une déclinaison du modèle européen qui repose avant tout sur le droit et la règle.
On ne va pas se mentir. Historiquement, l’Union européenne a subi de nombreuses critiques – plus ou moins justifiées – quant à sa proximité avec les Etats-Unis, et notamment l’organisation militaire transatlantique, l’OTAN. La Guerre en Irak de 2003 dans laquelle s’engouffrèrent nombre de pays européens accentua, à cet égard, cette impression de suivisme des Européens. Bien que, il faut quand même le rappeler, ni l’Union européenne ni l’OTAN ne s’engagèrent dans ce conflit.
Justement, les décisions de Donald Trump peuvent permettre aux Européens de se désolidariser officiellement de la politique américaine au Moyen-Orient. A double titre. D’une part, les Européens doivent rappeler que la solution au conflit entre Israël et la Palestine ne peut se résoudre qu’à travers de véritables négociations entre égaux et sur la base des résolutions de l’ONU adoptées. D’autre part, les Européens doivent préserver l’accord sur le nucléaire iranien, compromis au long cours négocié à plusieurs. A chaque fois, il s’agit de promouvoir et défendre les règles sur les rapports de force. Dans une poudrière, ce n’est pas en agitant une flamme qu’on diminue le risque.
Pour autant, l’Union européenne apparaît comme mal armée face aux injonctions américaines. Quelles contraintes utiliser contre les Etats-Unis pour éviter le transfert de leur Ambassade ? On parle quand même de la première puissance militaire et diplomatique. Quels outils mettre en oeuvre pour protéger les entreprises européennes qui commerceraient avec leur Iran ? On parle quand même du premier ou second marché intérieur au monde.
Force est de constater que par bien des aspects, l’élection de Donald Trump semble constituer une opportunité inédite pour l’Union européenne d’exister sur la scène internationale (voir Trump : une chance pour l’Europe ?) Déjà, parce que pour la première fois, les Etats-Unis, son premier allié, critiquait l’essence même du projet européen. Ensuite, parce que le modèle multilatéral défendu par l’UE semblait plus en phase avec les attentes de la communauté internationale.
Néanmoins, ces possibilités doivent encore être saisies. Il ne suffit pas d’avoir un bon jeu pour gagner une partie ; il faut encore accepter d’aller jusqu’au bout. Cela nécessite des efforts tant de la part des institutions de l’Union européenne (pour éviter une confusion) que des Etats membres (pour éviter une cacophonie) [voir Europe : une puissance internationale ?]
Sur le conflit entre Israël et la Palestine, voir aussi Israël et Palestine : longue vie aux extrêmes et Colonies en Palestine : un embargo ou un boycott d’Israël ?
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