Israël et Palestine : longue vie aux extrêmes

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(Graffiti – San Marcos – Guatemala, 2017)

Drôle d’anniversaire qu’a connu Israël. 70 ans après sa création au forceps, l’installation d’une population constituée aujourd’hui en Etat est loin de faire consensus. Rares sont d’ailleurs les pays voisins à avoir normalisé leur relation avec ce nouvel Etat.

Certes, cette difficulté à pacifier ces relations avec les Etats alentours a de multiples ramifications. D’une part, il existe des liens historiquement forts avec les Palestiniens, renforcés au demeurant par la diaspora palestinienne qui vit aujourd’hui dans ces pays. D’autre part, les quelques dirigeants qui ont tenté de se rapprocher d’Israël l’ont parfois payé de leurs vies.

Pour autant, il ne faut pas se leurrer. Cette absence d’intégration doit aussi – et beaucoup – à l’attitude offensive d’Israël, attitude offensive qui se retrouve évidemment vis-à-vis de ces voisins (Guerre au Liban, frappes en Syrie), mais aussi et surtout dans la gestion de la Palestine.

Et c’est sur ce dernier point que je voudrais ici insister.

En effet, accuser Israël de violations du droit international et d’atteintes répétées aux droits de l’Homme ne tient nullement de l’antisémitisme. Au contraire, le refus de certains politiques à condamner la situation actuelle ne peut que nourrir la confusion de certains, à assimiler dans un ensemble la politique d’un Etat, sa population et ses soutiens.

En fin de compte, ces violations sont légions. Outre le tracé des frontières jamais respecté malgré une résolution de l’ONU sur ce sujet, outre les arrestations massives et illégales d’Israël, outre l’implantation de colonies au mépris du droit de propriété des Palestiniens, outre le quasi-apartheid que subissent la population arabe en Israël (droits de vote réduits, brimades en tout genre), Israël ne cesse de se dériver, avec Netanyahou à la manoeuvre, qui s’engage à corps perdus pour tenter de faire oublier les affaires qui le poursuivent. Que dire d’une armée qui tire à balles réelles sur une population largement désarmée ? Dans toute autre région du monde, cela aurait fait l’objet d’une condamnation unanime.

Israël ne devrait pas oser se prévaloir du passé pour prétexter des attaques injustifiées. Car, c’est justement ce passé qui devrait lui imposer de la mesure et de l’humanité. Car oui, ceux qui ont connu les pires abjections humaines ne devraient pas se complaire à en reproduire certaines. On croirait parfois entendre les Etats-Unis qui sous prétexte du 11 septembre estimait que tout leur était dû.

En se comportant de la sorte, Israël prend en plus le risque d’extrémiser davantage les Palestiniens. Cette politique de la terre brûlée n’aboutira à rien. On ne construit rien sur des cendres.

D’ailleurs, force est de constater que le moment où les Israéliens obtinrent le plus de concessions des Palestiniens, ce fut au moment où eux-mêmes s’engagèrent sur la voie du dialogue. Et ce qui fit capoter la paix à l’époque, ce ne fut pas les Palestiniens, mais bien un Israélien extrémisé qui assassina le dirigeant d’alors, Rabin. Un homme, dont le passé d’ancien général de Tsahal suffisait à faire taire la plupart des accusations de faiblesse ou de laxisme. Un homme qui avait compris qu’on ne pouvait construire une paix durable sans concessions réciproques. Comme il l’avait noté dans ses Mémoires, « les risques potentiels de la paix sont préférables aux sinistres certitudes de la guerre ».

Loin de répondre à l’ampleur de la tâche, le récent transfert de l’Ambassade américaine de Tel Haviv à Jérusalem, décidé par Donald Trump, conforte justement dans cette fuite en avant. Ce n’est pas en s’imposant par un état de fait qu’Israël légitimera sa situation. Bien au contraire.

70 ans après, Israël n’a pas gagné sa place. Loin de là. La faute aux extrêmes.

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