(Portrait de Louis XIV – Château de Chenonceau – 2017)
Sans surprise, Vladimir Poutine a été réélu Président de Russie pour un 4e mandat. Dès le 1er tour et avec près de 70% des voix.
Ce succès ne doit rien au hasard. Outre les menaces, arrestations et meurtres qui s’abattent tant sur la presse que sur l’opposition, Vladimir Poutine bénéficie d’un prestige certain pour avoir rétabli- ou, du moins, donner l’impression – la grandeur de la Russie. Grandeur qui s’exprime principalement à travers le déploiement de forces armées sur des territoires étrangers et l’organisation d’évènements sportifs internationaux. Grandeur de façade au détriment des besoins réels du pays (voir La Russie, un partenaire pour l’Union ?).
Plus intéressant en réalité est la côte de popularité dont semble jouir Vladimir Poutine en Russie comme en Europe.
En effet, cette réélection organisée n’a pas manqué d’être salué par de nombreux politiques et citoyens en Europe.
On passera vite sur le fait que nombreux de ceux qui ont salué la victoire démocratique de Vladimir Poutine dénoncent régulièrement le caractère dictatorial de l’UE. Lancer des diatribes contre l' »UERSS » est manifestement plus simple que critiquer l’ex-URSS.
Ce qui est marquant dans ce soutien quasi inconditionnel est qu’il révèle un amour plus ou moins immodéré pour l’ordre et l’autorité.
Cet intérêt pour l’autoritarisme s’inscrit dans un rejet grandissant des démocraties occidentales, vues comme incapables de répondre aux défis contemporains (voir 2017 : le crépuscule de la démocratie ?). Ce recul des démocraties s’accompagne d’une impression de déclin de ce qui sembla jadis la norme.
Plus particulièrement, les démonstrations de force et l’intransigeance affichées par Poutine s’opposent aux hésitations/atermoiements et à la culture de l’excuse des dirigeants occidentaux qui eux doivent rendre des comptes non seulement de leurs actions mais aussi celles de leurs prédécesseurs.
Au demeurant, la détermination de Poutine pour lutter contre tout ce qui paraissait porter atteinte à la « Russie éternelle (lutte contre l’immigration, défense des valeurs conservatrices) ne pouvait que faire écho aux croisades permanentes lancées par certains politiques.
Pas étonnant alors de trouver dans le camp des partisans affichés de Vladimir Poutine quelques figures inattendues. Ainsi, entendre Viktor Orban vouloir prendre modèle sur la Russie comme « démocratie illibérale » ne peut qu’interpeller, lui dans le pays a tant souffert de l’autoritarisme russe (voir Hongrie, Pologne, Roumanie : à l’Est du nouveau).
Cet attrait pour l’autoritarisme étranger n’est pas nouveau. En leur temps, Mussolini, Franco ou Hitler, défendant vision conservatrice, militarisation et culte du corps – le leur ou celui d’un idéal -, ont eu de nombreux thuriféraires en France comme dans d’autres pays européens. Cet attrait est même allé jusqu’à l’aveuglement puisqu’ils n’ont pas vu venir le futur conflit avec leur pays, quand il ne conduit pas à trahir son pays accusé d’être décadent en lui privilégiant l’étranger.
Tant pis d’ailleurs si l’Histoire a déjà montré que les autocraties finissent toujours par tomber. Tant pis aussi si la 2e Guerre mondiale comme la Guerre froide a souligné que la liberté était toujours plus forte que l’ordre. Tant pis enfin si les valeurs occidentales si décriées sont les seules qui aient mobilisé des femmes et des hommes dans le monde entier, de Hong Kong à l’Afrique du Sud, de l’Ukraine au Brésil.
A titre superfétatoire, il ne faut pas totalement négliger que l’adhésion à la Russie se nourrit parfois d’un anti-américanisme primaire, mettant au même niveau Moscou et Washington, l’impérialisme russe et l’expansionnisme américain. Comme un parfum de Guerre froide. Du gaullisme affiché qui ne correspond ni à l’évolution du monde ni surtout à la politique étrangère de de Gaulle (membre de l’OTAN et de la CEE – voir Election présidentielle 2017 : tous gaullistes ?). Ce positionnement se retrouve particulièrement dans les deux extrêmes de la politique française.
Qu’importe, semble-t-il, en fin de compte que les rodomontades et les actions de Poutine n’obtiennent pas de résultats meilleurs (la Russie ayant son lot d’attentats) quand elles ne conduisent pas à des drames humains (Syrie). Seul compte l’affichage d’un pays aux ordres.
Pourtant, comme le relevait le philosophe Alain, « si la liberté ne va pas sans ordre, l’ordre ne vaut rien sans la liberté ». Il serait peut-être temps d’ouvrir les yeux.
Voir Les droits de l’homme : des « éléphants en voie d’extinction » ?
Le problème de la liberté, c’est qu’elle demande un degré relativement élevé de responsabilité, ainsi qu’une bonne dose d’empathie. Si je suis libre, que je sois peuple ou individu, je n’ai personne sur qui reporter la responsabilité de ma situation, c’est à moi seul de l’assumer. D’autre part, si je suis libre, je dois forcément composer avec la liberté d’autrui.
L’égoïsme, le rejet de l’autre, le repli identitaire n’ont de véritable avenir que dans un contexte autoritaire : un chef cristallisant une identité exclusive, et en même temps bouc émissaire portant les responsabilités sociétales que le corps social ne peut ou ne veut plus assumer.
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Les péchés des étrangers jugez vous vous précipitez.Commencez avec les vôtres vous n’obtenez pas à les outre.
La démocratie n’est qu’un petit fils gâté
et ingrat qui reste toujours avec ces
Grands-Parents qui ont de l’argent.
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