(Masque – Musée Guimet – Paris, France – 2010)
Drôle de dimanche que celui vécu par les Européens dimanche 4 mars. A peine le temps de se réjouir de la grande coalition allemande que les élections législatives en Italie se traduisaient par une montée sans précédente des partis eurosceptiques.
Certes, aucune de ces informations n’était en soi une surprise. Il semblait logique que les adhérents du SPD reconduisent une alliance qui leur permet de survivre au niveau national. De même, il paraissait attendu que les Italiens portent leurs voix sur des partis eurocritiques, après l’incapacité des Etats membres de l’Union européenne à répondre au défi migratoire.
Pour autant, ces deux événements constituent tous deux un défi à relever pour l’Union européenne, un défi qu’il convient d’appréhender dans son entièreté, et non plus séparément comme ce fut le cas jusqu’alors (voir pour l’Allemagne, Années Merkel : la raison allemande et pour l’Italie, Italie : le calme avant la tempête ?).
En effet, les parallèles sont nombreux entre ces deux événements.
D’une part, les élections législatives en Allemagne comme en Italie ont conduit à une poussée forte des partis populistes (l’AfD en Allemagne, le M5S et la Ligue du Nord en Italie). Cette poussée s’explique notamment par la question migratoire devenue prégnante dans ces deux Etats. En Italie d’abord, puisque depuis le chaos libyen, toujours plus de réfugiés traversent la Méditerranée pour échouer sur leurs côtes. En Allemagne ensuite, puisque ce pays a accueilli à bras ouverts en 2016 les personnes fuyant la Syrie. A chaque fois, l’Union européenne (et plus particulièrement ses Etats membres) s’est avérée incapable de faire face aux enjeux que soulève la question migratoire, et encore moins d’offrir une réponse à la hauteur de ses valeurs (voir Aylan : le naufrage des valeurs européennes
D’autre part, ces élections ont, à chaque fois, révélé l’affaiblissement dramatique des partis proches de la social-démocratie. Or, ce courant a longtemps été un moteur de la construction européenne. La quasi disparition de cette pensée ne peut qu’impacter fortement l’avenir du projet européen (voir Gauches européennes : le renouveau ou la disparition).
C’est par ce double prisme (défi migratoire et recul de la social-démocratie) qu’il convient de suivre les suites de ces élections. A cet égard, l’accord en Allemagne est loin de constituer une avancée décisive, tant les rigoristes des règles budgétaires resteront aux commandes. Or, sans évolution du cadre budgétaire actuel, point de salut pour la zone euro (voir L’euro, à quel prix ?). Quant à l’Italie, elle est partie pour des mois d’indécision et de tergiversation pour former un gouvernement, qui risque de faire passer l’impasse temporaire en Allemagne pour une douce parenthèse.
En définitive, tant les Etats membres que les institutions européennes (à commencer, par la Commission anciennement moteur de l’intégration, aujourd’hui absente des débats – voir L’effacement de la Commission européenne : « et pourtant, elle tourne » !) est loin d’être prête à répondre à l’invitation formulée par le Président Emmanuel Macron d’une relance du projet européen (voir Discours de la Sorbonne : liste à la Prévert ou programme fédéraliste ?). Longtemps, l’Europe a attendu notre pays. Il semblerait que ce soit à nous d’être patients. Oui, mais jusqu’à quand ?
Voir aussi Italie : le calme avant la tempête ? et Années Merkel : la raison allemande
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