Démission de Florian Philippot : la faute à l’Europe ?

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(Statue de l’Amiral Nelson, Trafalgar Square – Londres, Royaume-Uni – 2017)

Ultime réplique d’une élection présidentielle hors norme. Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen, l’aile « gauche » du Front National a « démissionné » avec pertes et fracas – un peu contraint par sa situation, il est vrai – jeudi 21 septembre.

Ce départ certes prévisible vu le niveau de tensions entre les deux courants du parti est lourd de conséquences, tant pour le Front national que pour Florian Philippot.

D’une part, la sortie de ce dernier marque le rétrécissement du spectre électoral du parti. Il incarnait, avec d’autres, une sensibilité sociale-souverainiste, assez éloignée de la tendance historique du parti, davantage tournée vers le « conservatisme identitaire ». S’il est trop tôt pour pronostiquer les conséquences de cette démission, elle va certainement affaiblir le Front national. Cette « nuit des longs couteaux politique » va certes faciliter la marge de Marine Le Pen à court terme pour le Congrès de refondation de 2018 mais risque de l’affaiblir à long terme, et notamment lorsqu’il s’agira de choisir le visage du parti pour les futures échéances électorales.

D’autre part, ce départ enterre le rêve longtemps caressé par Florian Philippot d’agréger les « non » de 2005. En effet, focalisé depuis longtemps contre le projet européen, l’énarque avait espéré pouvoir coaliser les forces extrêmement diverses qui avaient mis en échec le Traité constitutionnel (voir Traité constitutionnel : un échec pavé de bonnes intentions).

Toutefois, ce souhait oubliait qu’une majorité de « non » débouche rarement sur une force gouvernementale. Il est facile de réunir dans l’opposition les torchons et les serviettes. Il devient néanmoins complexe de les associer au sein d’un même projet.

Certes, Florian Philippot espérait justement faire de l’Europe le projet central du Front national. Il avait montré, à plusieurs reprises, sa réticence à aller sur d’autres terrains. L’Europe était devenue le bouc-émissaire de tous les problèmes français. Panne de croissance ? La faute à l’euro ! Immigration ? La faute à Schengen ! Désindustrialisation ? La faute à la concurrence ! C’était facile, c’était pratique. Il ne manquait plus qu’à associer une majorité de Français à ce projet. Après tout, tout le monde pouvait y trouver son compte, puisque chaque sujet épousait plus ou moins la question européenne.

Néanmoins, ces attaques répétées ne sont pas arrivées à convaincre les Français. A cet égard, le Brexit aura certainement coûté cher électoralement. L’impréparation des populistes britanniques a fortement pesé sur les campagnes électorales française et néerlandaise. Loin de montrer la marche à suivre, les Britanniques ont indiqué le chemin à ne pas prendre (voir Les populismes à l’épreuve de l’Europe). Il suffit de se rappeler les hésitations et louvoiements des soutiens de Marine Le Pen sur une question aussi essentielle que l’euro. Même la sortie de l’Union européenne prévue originellement a été remplacée par un référendum sur cette question. Faute d’arriver à convaincre, il fallait tenter de rester le plus flou possible.

Non sans ironie, l’espoir de Florian Philippot d’un Frexit s’est donc brisé sur les difficultés bien réelles du Brexit.  C’était écrit : Florian Philippot a gagné sa médiatisation sur l’Europe, c’est l’Europe qui aura provoqué sa chute.


Sur le Front national, deux autres articles Election 2017 : un parfum d’étrange défaite et Au nom du peuple : le mythe d’une fiction.

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