Suite de Unis dans l’adversité – Acte I
L’action se déroule toujours dans la même salle obscure du Conseil, un homme se retrouve confronté à la défiance de ses quatre collègues sous le regard atterré d’une femme. Cette scène a entamé peu à peu la patience des deux spectateurs invités à y assister.
ACTE II
Même salle.
Mêmes personnages.
Les quatre hommes ont repris discrètement leurs activités. Seul le cinquième homme semble regarder régulièrement le temps. Tous sont observés régulièrement par la femme.
Le couple de spectateurs marque régulièrement des signes de lassitude et d’impatience.
LE CINQUIEME HOMME, regarde à nouveau sa montre. – C’est étonnant. Voilà déjà dix minutes que la réunion aurait dû commencer.
Les quatre hommes se regardent gênés. La femme est furieuse.
LA SPECTATRICE – De quelle réunion parle-t-il ?
LE SPECTATEUR – Je ne sais pas.
LA SPECTATRICE – Tu ne sais rien !
LE SPECTATEUR – Écoute un peu.
LA SPECATRICE – Tu n’y comprends pas plus que moi ! Cesse donc de faire tes airs de savant !
LE SPECTATEUR – J’ai eu un doctorat.
LA SPECTATRICE – En ingéniérie nucléaire ! Tu es pourtant aussi incapable que moi de comprendre de quoi il retourne.
Les portables des cinq hommes sonnent.
LE CINQUIEME HOMME – Une alerte info.
LE QUATRIEME HOMME – Et alors ? Cela n’a rien d’incroyable.
LE CINQUIEME HOMME – Le sommet devrait commencer. Tous les protagonistes sont entrés en scène. C’est étonnant, non ?
LE PREMIER HOMME – Très étonnant, effectivement.
LE CINQUIEME HOMME – Ils ne devraient plus tarder, je pense.
Les quatre hommes se regardent gênés.
LE PREMIER HOMME – On ne peut que l’espérer pour vous.
LE DEUXIEME HOMME – Je crois que le mieux que nous pouvons faire, c’est de nous en aller.
LE QUATRIEME HOMME – Si seulement nous pouvions. Peut-être que si nous partions tous ensemble…
LE TROISIEME HOMME, énervé. – Remuez-vous ! Du nerf ! Si vous restez plus longtemps, quelle image donneriez-vous de votre pays ? Soyez fiers.
LE CINQUIEME HOMME : Vous avez peut-être raison.
Un silence. L’attente des quatre premiers hommes semble à son comble.
LE CINQUIEME HOMME – Mais, je crois que je n’ai pas le choix. Je dois rester. Ce n’est plus une question d’honneur, mais bien d’argent.
LE DEUXIEME HOMME – Vous comprendrez, je l’espère que nous ne pouvons point attendre indéfiniment avec vous.
LE CINQUIEME HOMME – Oui, oui. (Des sourires se dessinent chez les quatre hommes) C’est déjà fort aimable d’avoir attendu avec moi.
LE DEUXIEME HOMME – Mais, ce n’est rien.
LE PREMIER HOMME – Nous vous remercions de votre reconnaissance.
LE QUATRIEME HOMME – Vous pourrez toujours nous passer un coup de fil une fois que votre réunion sera finie.
Les quatre hommes se lèvent. La femme fait un pas vers la porte, faisant disparaître les sourires.
LE PREMIER HOMME, s’énerve. – Pourriez-vous répéter à cette femme l’importance de votre reconnaissance à notre égard ?
LE CINQUIEME HOMME, se tourne vers la femme. – Mais, je ne la connais pas.
LE QUATRIEME HOMME – C’en est assez !
Le quatrième homme se dirige énergiquement vers la porte, la femme l’accompagne de l’autre côté. Il finit par s’arrêter.
LE QUATRIEME HOMME, dépité. – Nous n’avions pas signé pour ça !
LE TROISIEME HOMME, inquiet. – Sommes-nous donc condamnés ici ?
LE CINQUIEME HOMME – Visiblement, elle ne partage pas vos idées.
LE DEUXIEME HOMME, agacé. – C’est vous qui l’avait engagée ?
LE CINQUIEME HOMME – Pas du tout. Je ne sais pas plus que vous qui est cette charmante femme.
LE PREMIER HOMME – Vous la trouvez charmante ?
LE TROISIEME HOMME, ironique. – Il la trouve charmante.
LE QUATRIEME HOMME – Pour un peu, il nous dira qu’elle est gentille.
LE CINQUIEME HOMME – Puisque nous devons tous rester ici, peut-être que nous pourrions discuter ?
La femme l’encourage ; les quatre hommes se regardent gênés.
LE PREMIER HOMME, surpris. – Discuter ?
LE DEUXIEME HOMME, inquiet. – Là comme ça ?
LE TROISIEME HOMME, paniqué. – Sans préparation ?
LE QUATRIEME HOMME, étonné. – Sur un sujet en particulier ?
LE CINQUIEME HOMME – Nul besoin de préparation pour vous. Je vous exposerai mon cas, et vous jouerez mes partenaires.
LE PREMIER HOMME – Vos partenaires ?
LE CINQUIEME HOMME – Ceux qui auraient dû être là et qui manifestement brillent par leurs absences.
La femme l’encourage à nouveau ; les quatre hommes se regardent gênés.
LE DEUXIEME HOMME, agacé. – Nous ne pouvons pas jouer vos partenaires ; nous ne les connaissons pas.
LE PREMIER HOMME – Et même si nous les connaissions, nous ne pourrions les jouer.
LE CINQUIEME HOMME – Je vous expliquerai mon problème, puis leurs positions, et nous débattrons ensuite.
LE QUATRIEME HOMME – Cela n’a aucun sens.
LE CINQUIEME HOMME – Oui. Vous avez raison. Vous ne pouvez pas jouer mes partenaires. Ils ne sont pas vraiment gentils, alors que vous, vous continuez à rester avec moi.
Les quatre hommes se regardent gênés. La femme tente de l’encourager.
LE CINQUIEME HOMME – Enfin, je peux toujours vous exposer mon problème et je suis certain que vous serez de bons conseils.
LE DEUXIEME HOMME – Nous ne sommes pas si qualifiés.
LE QUATRIEME HOMME – D’autres que nous pourraient tout aussi bien vous conseiller.
LE CINQUIEME HOMME – Pour être arrivés ici, c’est que d’une manière ou d’une autre, vous avez brillé.
LE TROISIEME HOMME – Flatteur.
LE PREMIER HOMME – Vous n’aurez pas un sou de plus ainsi.
LE CINQUIEME HOMME, surpris. – Pardon ?
LES QUATRE HOMMES – Non. Rien.
LE CINQUIEME HOMME – Je disais….
LE PREMIER HOMME – Il n’est que 19h30.
LE DEUXIEME HOMME – C’est un retard encore pardonnable.
LE CINQUIEME HOMME – Ma situation est assez critique, vous voyez.
LE DEUXIEME HOMME – J’ai trop vu même.
LE QUATRIEME HOMME – Pour savoir, nous savons.
LE CINQUIEME HOMME, surpris. – Pardon ?
LES QUATRE HOMMES – Non. Rien.
LE CINQUIEME HOMME – Je disais….
LE PREMIER HOMME – Attendez.
LE DEUXIEME HOMME – Ils pourraient toujours arriver.
LE TROISIEME HOMME – Et mal prendre que vous ayez commencé sans eux.
LE QUATRIEME HOMME – Et débuté avec d’autres.
LE CINQUIEME HOMME – Vous croyez ?
LE PREMIER HOMME – Oh… Nous ne les connaissons pas vraiment. Mais, nous pouvons comprendre qu’à leurs places, nous serions assez agacés de voir que tout a commencé sans nous.
LE CINQUIEME HOMME – Ah. Que suggérez-vous ?
LE PREMIER HOMME – Attendre.
LE DEUXIEME HOMME – Patienter.
LE TROISIEME HOMME – Passer le temps.
LE CINQUIEME HOMME – Encore ? (Un silence.) Je suis désolé. Je n’en suis plus capable. Nous avons trop enduré pour que je puisse me taire davantage.
LE QUATRIEME HOMME – Partir alors ?
LE CINQUIEME HOMME – Jamais !
LE DEUXIEME HOMME – Vous devriez vous économiser pour la suite.
LE CINQUIEME HOMME – Il faut que je vide ce que j’ai sur le cœur.
LE TROISIEME HOMME, discrètement. – Vous feriez mieux de vider vos poches.
LE PREMIER HOMME – Attendez.
LE QUATRIEME HOMME – Vous feriez mieux de réfléchir à vos arguments dans votre tête, en les attendant.
LE PREMIER HOMME , en aparté. – Ne risquerait-il pas de trouver des appuis qui viendraient à bout de nos réticences ?
LE DEUXIEME HOMME, en aparté – Jamais.
LE CINQUIEME HOMME – J’ai déjà tout révisé. (Un temps.) Mais, peut-être que je pourrais faire quelques recherches pour me figurer à quoi ils ressemblent. (Un temps.) Je suis nouveau, vous voyez, et je ne les ai encore jamais vus. (Un temps.) Ce serait quand même bien bêtes que je passe devant eux sans les reconnaître.
Les quatre hommes se regardent gênés.
LE QUATRIEME HOMME – Peut-être que finalement, vous pourriez nous exposer quelques idées à la va-vite.
LE TROISIEME HOMME – Cela ne vaut pas assentiment tacite évidemment.
LE CINQUIEME HOMME – A la bonne heure. Je disais…
LE PREMIER HOMME – Attendez !
LE DEUXIEME HOMME – Vous voulez de l’eau ?
LE CINQUIEME HOMME – Non. Ca ira (La femme se réjouit) …Enfin… Si. Je veux bien. (La femme s’agace.)
Les quatre hommes expriment un soupir de soulagement.
LE CINQUIEME HOMME – Je disais donc….
LE PREMIER HOMME – Attendez. Le verre d’eau.
LE DEUXIEME HOMME – Vous risqueriez de dépérir.
LE CINQUIEME HOMME – Oh. Vous savez. Notre situation…
LE PREMIER HOMME, effrayé. – Il arrive ce verre d’eau ?!
LE CINQUIEME HOMME : Vous savez, je peux attendre.
LE DEUXIEME HOMME, s’enflamme. – Comment ? Vous ne pourriez pas attendre vos partenaires mais vous pourriez attendre un verre d’eau ? Manifestement, vous délirez. Tout le monde sait que l’eau est vitale.
LE PREMIER HOMME, insiste. – Vitale.
LE QUATRIEME HOMME – Je réfléchissais à quelque chose de plus à ajouter. Mais, je ne peux qu’appuyer les propos de mes collègues.
Le troisième homme va chercher près de la fontaine d’eau un verre.
LA SPECTATRICE – Tu comprends quelque chose à ces histoires d’eau ?
LE SPECTATEUR, assoupi. – Il y en a encore pour longtemps ?
LA SPECTATRICE – C’est bien la peine de venir, si tu t’endors.
LE SPECTATEUR – Je ne m’endors pas. J’attends.
LA SPECTATRICE – Tu attends quoi ?
LE SPECTATEUR – Je ne sais pas. Je ne comprends pas pourquoi on nous a dit de venir écouter.
Le troisième homme revient avec le verre d’eau.
LE CINQUIEME HOMME – Merci. Je disais….
LE PREMIER HOMME, le coupe. – Attendez.
LE TROISIEME HOMME – Un café, peut-être ?
LE CINQUIEME HOMME – J’ai déjà un verre d’eau pour le moment.
LE QUATRIEME HOMME – Quel rapport ?
LE PREMIER HOMME – Vous savez, la soirée va être longue.
LE TROISIEME HOMME – Je regrette déjà ces pyjamas.
LE DEUXIEME HOMME – Plus vous aurez de force, moins vous pomperez d’énergie.
LE CINQUIEME HOMME, après réflexion. – Ce ne serait pas de refus. Mais…
LE PREMIER HOMME – Point de mais. Tout est bon pour vous satisfaire.
LE CINQUIEME HOMME – C’est fort aimable. Mais, je ne voudrais pas vous déranger. J’aurais presque l’impression d’abuser.
LE PREMIER HOMME – Nous déranger ?
LE TROISIEME HOMME – Enfin, jamais.
LE DEUXIEME HOMME – Cinq cafés, donc ?
LE PREMIER HOMME – Plutôt un thé pour ma part.
LE TROISIEME HOMME – Et moi, un cappuccino.
LE QUATRIEME HOMME – Une tisane serait appréciée.
LE DEUXIEME HOMME – Ce projet ne se fera pas d’un coup ni dans une construction d’ensemble, mais par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait.
LE PREMIER HOMME – Vous souhaitez que nous partagions une cafetière ?
LE CINQUIEME HOMME – Finalement, un thé…
LE TROISIEME HOMME – Ne faites pas votre difficile. Nous nous sommes enfin mis d’accord sur quelque chose.
LE QUATRIEME HOMME – Devrions-nous sortir du champagne alors ?
LE PREMIER HOMME – Nous étions d’accord pour le café.
LE CINQUIEME HOMME – Va pour le café donc.
LE DEUXIEME HOMME, s’adresse au cinquième homme. – Ca fera un euro.
LE CINQUIEME HOMME – Je crois même que j’ai de quoi vous inviter.
LE DEUXIEME HOMME – Contentez-vous déjà de payer votre part.
LE CINQUIEME HOMME, étonné. – Pourquoi ne demandez-vous pas aussi aux autres ?
LE DEUXIEME HOMME – J’ai plus de confiance dans leurs lignes budgétaires.
LE CINQUIEME HOMME, cherche son porte-monnaie. – Je ne vais pas tarder à mettre la main sur mes sous. Mais, je vous assure que je peux jurer de ma main droite de vous rendre séance tenante vos euros.
LE DEUXIEME HOMME, agacé. – Si vous croyez que je vais vous faire crédit en attendant !
LE CINQUIEME HOMME – C’est étrange. Quand vous parlez ainsi, j’ai l’impression de vous connaître.
LE PREMIER HOMME, donne l’argent au deuxième homme. – Tenez.
LE DEUXIEME HOMME, énervé. – Libre à vous de prêter sans rechigner. On ne m’aura plus pour ma part.
LE QUATRIEME HOMME – Je n’en pense pas moins.
Les deuxième et quatrième hommes partent chercher un café.
LE CINQUIEME HOMME, troublé – Etrange.
LE TROISIEME HOMME – Ne vous formalisez pas. Je crois qu’il est juste nerveux de rester là.
LE CINQUIEME HOMME – Je le comprends, croyez-moi. Il n’est pas le seul. Je sue pour six. Justement, d’ailleurs…
LE PREMIER HOMME, le coupe. – Attendez. Vous le vexeriez de ne pas l’attendre ; il est quand même parti chercher votre café. Ce serait un manque de respect.
LE CINQUIEME HOMME – Vous avez certainement raison. (Un temps.) Ce que les hommes peuvent être susceptibles. Ce n’est pas de ma faute si je ne comprends rien aux questions protocolaires ou aux conventions humaines.
Leurs portables sonnent.
LE PREMIER HOMME – Encore une alerte info.
LE TROISIEME HOMME, lit. – Epuisement général au sommet. Les finances se tarissent. Les bourses plongent.
LE CINQUIEME HOMME – C’est une catastrophe !
LE TROISIEME HOMME – Il ne faut pas croire tout ce que dit la presse.
LA SPECTATRICE – Tu les reçois ces alertes info, toi ?
LE SPECTATEUR – Attends, je regarde. (Un temps.) Miss Monde en maillot de bain dans un nouveau pays.
LA SPECATRICE, moqueuse – Il faut croire que tu ne lis pas les mêmes sites d’information qu’eux.
LE SPECTATEUR – C’est déjà compliqué de suivre les infos d’un journal. Je n’allais pas m’abonner à tous.
Les deuxième et quatrième hommes reviennent avec le café.
LE CINQUIEME HOMME, sort fièrement une pièce. – Au moins, une bonne nouvelle. J’ai trouvé l’argent, vous voyez.
LE DEUXIEME HOMME – Il y a un euro.
LE QUATRIEME HOMME – Un euro, il ose.
LE CINQUIEME HOMME – Evidemment. C’est le prix du café, un peu cher d’ailleurs. Mais bon, il faut ce qu’il faut.
Les quatre hommes se regardent gênés ; la femme paraît abattue.
LE PREMIER HOMME – C’est que….
LE TROISIEME HOMME – Comment dire….
LE QUATRIEME HOMME – Il se trouve…
LE DEUXIEME HOMME, ferme. – On vous a prêté un euro. Vous pourriez vous astreindre à régler les intérêts.
LE CINQUIEME HOMME, surpris. – Les intérêts ? Je ne comprends pas.
LE PREMIER HOMME – C’est que…
LE DEUXIEME HOMME, s’énerve. – Depuis quand prête-t-on sans intérêt ? Cela fait bien longtemps que ceux-ci sont passés de mode. (Un temps.) Ce n’est pas l’armée du salut. Nous ne sommes pas là pour faire de l’humanitaire ! Sinon, il fallait aller pointer au Tiers-Monde ! Pour sûr, vous y aurez été à votre place. Vous auriez fait la quête des allègements de dettes, des rééchelonnements de paiements, des disparitions d’intérêts. Bref, tout ce qui correspond a une économie sous-développée, dont l’administration est au mieux lacunaire, au pire inexistante.
LE CINQUIEME HOMME – Je ne comprends pas.
LE DEUXIEME HOMME – Vous le faites exprès, j’en suis certain.
LE QUATRIEME HOMME, gêné. – Ce qu’il veut dire, c’est que…
LE DEUXIEME HOMME, encore agacé. – Tout le monde a saisi, je crois, le sens de ma pensée. Quelqu’un vous a permis de vous la couler douce l’espace d’un instant. Rien ne vous garantit que de cet argent, il n’en avait pas grand besoin. Il convient donc de lui offrir une juste indemnité pour ce prêt temporaire.
LE CINQUIEME HOMME – Mais, j’avais cet argent.
LE DEUXIEME HOMME – Pas au moment voulu. Il aurait fallu faire bon nombre de poches pour collecter ladite somme. Il aurait fallu enfin oser taxer ce qui pouvait l’être, penser d’abord à regarder chez soi plutôt que demander au voisin. Bref, racler le fond de ses poches vides plutôt que piocher dans celles pleines de ses voisins !
LE CINQUIEME HOMME – Je n’ai volé personne quand même !
LE DEUXIEME HOMME – Parce qu’il y a des gens sourcilleux ici pour vous le réclamer. Sinon, cet argent aurait tôt fait de devenir un emprunt à durée indéterminée et au remboursement aléatoire !
LE PREMIER HOMME – Allons. Ce n’est l’affaire que de quelques centimes.
LE DEUXIEME HOMME – Cela commence ainsi, et on sait où cela finit. Des milliards qui ne reviennent jamais.
LE CINQUIEME HOMME, troublé. – Je connais ce discours.
Un portable sonne.
LE TROISIEME HOMME – Encore une alerte info. La presse serait-elle déjà au courant de la situation ?
LE QUATRIEME HOMME, regarde son téléphone. – C’était ma femme, désolé.
LE TROISIEME HOMME – Passons à autre chose. Savourez votre café.
LE DEUXIEME HOMME – Nous aurons le temps d’y revenir.
LE CINQUIEME HOMME, agacé. – Avant ou après que je finisse cette potion bien amère et pour laquelle je vous devrais une reconnaissance éternelle ?
LA SPECATRICE, se lève. – Viens, allons-nous en.
La femme s’alerte et cherche à prévenir les participants que les spectateurs s’en vont. Mais, ceux-ci ne voient guère.
LE SPECTATEUR – Chut ! Ce n’est pas fini.
LA SPECTATRICE, agacée. – Pour ma part, j’ai eu ma dose.
LE SPECTATEUR – Regarde, nous sommes quand même au coeur du drame.
LA SPECTATRICE – C’était bien la peine de se déplacer, si les alertes pouvaient nous tenir informer.
LE SPECTATEUR – Tu les aurais lues ?
LA SPECTATRICE – Bien sûr que non ! C’est chiant ce type d’alerte. Mais, c’est moins chiant que d’être ici. (Un temps.) Visiblement, ce n’est pas pour nous. Je ne sais pas qui nous a convié à ce spectacle.
LE SPECTATEUR – L’invitation parlait de « notre intérêt », « notre avenir ».
LA SPECTATRICE, moqueuse – Notre avenir ? Qu’ils me laissent en paix avec mon avenir. En quoi ça les regarde d’abord ?
LE SPECATEUR – Ils voulaient peut-être bien faire.
LA SPECTATRICE, s’énerve. – Qui ils ? Et puis, d’abord, c’est nul ! On n’y comprend rien. Ces histoires de boisson cachent assurément quelque chose. Mais, c’est incompréhensible ! En attendant, nous, on se dessèche. Personne pour nous servir à boire ! Pas même de l’eau ! Une minute encore de ce spectacle affligeant et je fais un malheur.
LE SPECTATEUR – Ne t’énerve pas comme ça.
LA SPECTATRICE – Si on part maintenant, on aura encore le temps de voir la deuxième partie de mon jeu télévisé.
LE SPECTATEUR, boudeur. – Nous avions convenu qu’aujourd’hui, je pouvais regarder mon match.
LA SPECTATRICE – Ah ça ? Ca, c’était avant de m’infliger ce spectacle. La prochaine fois, tu choisiras ton match et tu auras bien raison. Au moins, je pourrais faire le repassage en attendant que le calvaire sportif passe. Ce spectacle-là semble sans fin.
LE SPECTATEUR – La fin sera peut-être mieux.
LA SPECTATRICE – Tu fais comme tu veux. Mais, généralement, si le début et le milieu sont nuls, la fin ne sera pas bien. (Un temps.) Moi, je m’en vais.
La spectatrice s’en va.
LE SPECTATEUR – Attends-moi. Je viens.
Le spectateur se retire sous le regard atterré de la femme. Pendant ce temps, les hommes s’épient.
A suivre… Unis dans l’adversité – Acte III
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