(Gare ferroviaire – Amsterdam, Pays-Bas, 2012)
Le hasard offre à l’actualité des occasions d’étude intéressantes. En effet, aujourd’hui, des élections législatives se tiennent aux Pays-Bas, fixant par la même occasion le futur gouvernement. Peu de temps après, les Français auront à se rendre aux urnes pour élire le prochain Président de la République ainsi que leurs députés.
Dans ces deux pays, l’extrême-droite (le Parti pour la liberté – PVV aux Pays-Bas, le Front national en France) pourrait arriver au pouvoir, ou en tout cas, obtenir suffisamment d’élus pour peser sur la conduite politique à venir.
Ces deux partis, outre l’immigration, ont fait de l’Europe leur tête de turc.
Cette situation n’est pas sans rappeler 2005 et la campagne référendaire pour le traité constitutionnel. Le sort de ce traité s’était soldé par le double non des Français (55%) et des Néerlandais (62%), qui avait enterré ce projet inédit et durablement affecté la construction européenne.
Or, voilà que 2017 offre une réédition du couple électoral franco-hollandais.
Forcément, le spectre de 2005 revient, surtout que d’après les résultats des sondages, Geert Wilders et Marine Le Pen devraient arriver en tête des intentions de vote.
Certains annoncent déjà avec précision le cortège de catastrophes qui s’abattraient sur l’Europe. Il est vrai qu’une victoire des populistes aux Pays-Bas, mais surtout en France, signifierait potentiellement la sortie de ces pays de l’Union européenne. Et l’organisation survivrait difficilement à la sortie simultanée de trois Etats. Au demeurant, le départ symbolique de la France et des Pays-Bas, deux pays fondateurs de la construction européenne et de l’euro, causerait un impact beaucoup plus profond à l’Union européenne. Après ça, certainement, le projet européen se décomposerait sur les égoïsmes nationaux, chacun voulant ramasser le plus de miettes avant le grand balayage de l’histoire.
La situation est grave, elle n’est pour autant pas désespérée. Comme le disait un homme de qualité, mon grand-père, « le pire n’arrive pas toujours ».
Tout d’abord, même au pouvoir, les populistes devraient encore remporter la bataille du référendum sur l’Union européenne. Or, comme souvent, la population se servirait de ces consultations comme d’un plébiscite ou non de l’individu qui les propose. Si Marine Le Pen ou Geert Wilders peuvent arriver en tête, aucun des deux n’amasse sur son nom plus de 50% des suffrages au premier tour.
Et une double victoire des mouvements proeuropéens n’est pas à exclure. Après tout, l’Autriche a en 2016, par deux fois, refusé de donner le pouvoir à l’extrême-droite.
Cette double échéance électorale pourrait alors non seulement se poser en contre-poids de l’année 2016 et des victoires de Donald Trump aux Etats-Unis et du Brexit au Royaume-Uni, mais aussi constituer les premières bases d’une refondation du projet européen.
On a le droit de rêver, non ?
Voir aussi Les populismes à l’épreuve de l’Europe et Halte à l’Europe des populismes !
Sur la campagne de 2005, voir Traité constitutionnel : un échec pavé de bonnes intentions
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