(Affiche dans une Eglise – Nancy, 2014)
A l’instar des Brexiters qui en avaient fait l’un des principaux arguments de campagne, les eurosceptiques français attaquent désormais la contribution versée par la France au budget européen.
Avant d’examiner la réalité française, quelques rappels s’imposent.
Tout d’abord, le budget de l’Union européenne représente environ 1% du PIB de l’ensemble des Etats membres (150 milliards d’€ environ).
Par comparaison, le budget français (Etat, collectivités, Sécurité sociale) est annuellement 5 fois plus élevé (900 milliards d’€) et représente plus de 30% du PIB de la France. Quand un Français gagne 100€, 45€ sont redistribués en France et 1€ seulement finance le budget européen. Certes, par rapport à d’autres organisations internationales (par ex. : budget de l’ONU en 2015 : 2,8 milliards d’€ – hors opérations de maintien de la paix), le budget de l’Union européenne peut sembler particulièrement élevé. Néanmoins, étant donné l’éventail des missions de l’Union, ce budget doit davantage être mis en perspective avec celui d’un Etat fédéral. Or, en moyenne, un budget fédéral représente environ 20% du PIB.
Ensuite, le budget de l’Union est encore principalement dirigé vers les secteurs de l’agriculture et de la cohésion territoriale (réduction des écarts de développement entre les régions), respectivement 40% du budget chacun. Ces domaines, loin d’être les plus porteurs en croissance, correspondent à la volonté de permettre un rattrapage des économies les moins avancées. Il est toutefois regrettable que les efforts ne soient pas concentrés sur l’attractivité de l’économie européenne (formation, recherche, innovation…).
Par ailleurs, cette typologie est plutôt favorable à la France qui bénéficie d’importants retours au titre de ces chapitres budgétaires, ce qui lui permet d’obtenir le reversement le plus élevé.
Enfin, le budget de l’Union est principalement financé par un prélèvement spécifique par Etat (75%), une part de la TVA (13%), les taxes sur le sucre et d’autres produits douaniers (10%) et d’autres ressources variées (2%)
Qu’en est-il de la contribution française justement ?
La France donne par an 23 milliards d’euros à l’Union, et obtient 14 milliards de financements. Un calcul simple permet de constater qu’il existe un différentiel négatif à hauteur de 9 milliards !
Néanmoins, le monde étant plus complexe qu’une simple opération mathématique, il nous faut malheureusement admettre que la valeur apportée à ce chiffre est fonction de l’utilité qui en est faite.
En effet, le retour sur investissement de la mise en place d’une institution n’est pas que financier. On ne peut attendre d’une institution qu’elle vous rende autant que vous lui donnez. Sinon, à quoi sert-il de lui donner quelque chose ?
Tous les ans, les Français paient des impôts à leur commune ou à l’Etat, sans attendre en retour un reversement identique. Ce différentiel sert d’une part à financer des infrastructures communes (ex : les services publics) et d’autre part, à apporter une aide aux plus démunis (ex : le RSA pour les plus pauvres). Il va de même au niveau européen : des infrastructures communes (ex : Galileo, GPS européen) et aide aux plus démunis (ex : un Fonds européen d’aide au plus démunis). De fait, la solidarité semble plus naturelle au niveau de la commune et de l’Etat par rapport au niveau européen. Mais, il s’agit pourtant du même mécanisme.
Au demeurant, de nombreuses politiques ne sont pas chiffrables en argent. Comme le relevait l’eurodéputé Alain Lamassoure dans son article Le budget européen ? Chut !, « l’argent ne fait pas l’europe, mais il contribue »
Le marché intérieur, combien de bénéfices ? Beaucoup. Mais, son impact n’apparaît pas dans un bilan comptable puisqu’il ne se traduit pas par un reversement direct.
A l’inverse, pour faire fonctionner un marché commun, il faut des règles communes ; ce qui exige généralement une administration.
N’y a-t-il pour autant rien à changer au niveau du budget ? Si, bien au contraire. Mais, cela fera l’objet d’un prochain billet.
Ces ressentis de la population révèlent un manque de lisibilité de l’impact de l’Union européenne dans nos vies, malgré les efforts réguliers de communication.
Très bonne vidéo réalisée par Dessine moi l’éco sur ce sujet : ici.
A suivre : Budget européen : avenir difficile (2/2)
Intéressé(e) par l’Europe ? Vous pourrez retrouver plusieurs billets tentant de décrypter certaines politiques européennes ici.
Très instructif
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