Halte à l’Europe des populismes !

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(Parlement européen – Strasbourg, France – 2013)

Qui s’en souvient encore ? C’était il y a seize ans. Pas de ça chez nous, avait-on dit. Un aéropage de chefs d’Etats et de gouvernement d’Etats européens, sous l’impulsion de Jacques Chirac, avait cessé toutes relations diplomatiques avec le gouvernement de coalition droite/extrême-droite autrichien, le privant de tout soutien. L’Union européenne, pourtant dépourvue de tout instrument, avait mis au premier rang ses valeurs sur ses règles. En réaction, elle s’était dotée d’un arsenal juridique pour répondre à de tels défis, en prévoyant la possibilité de suspendre la participation d’un Etat qui ne respecterait pas les valeurs démocratiques (l’article 7 du TUE).

Qui ne s’en souvient pas ? C’était il y a quatorze ans. Pas de ça chez nous, avait-on dit. Des centaines de milliers de citoyens avaient défilé contre l’extrémisme en France. Après la présence surprise du FN au second tour de l’élection présidentielle, il s’agissait d’un puissant sursaut républicain. En réaction, les citoyens s’étaient mobilisés massivement contre l’extrême-droite en 2002 et en 2007.

Comment avoir oublié ? C’était il y a soixante-onze ans. Plus jamais ça, avions-nous dit. Une guerre mondiale, la seconde en trente ans. L’Europe à feu et à sang. Des pays exsangues, des peuples harassés. Cet événement fut le fruit d’un fléau, d’un germe qui avait maturé sur la crise et sur les ressentiments, sur le chômage et les haines, l’extrémisme. En réaction, les citoyens s’étaient détournés de la guerre et de l’extrémisme pour se tourner vers la paix et la démocratie.

Pourtant, aujourd’hui, en Europe, les partis populistes sont partout. En Pologne et en Hongrie, ils sont au pouvoir. En Allemagne, en Finlande, en Italie et en Grèce, ils prospèrent sur la crise des réfugiés et de l’euro. Au Royaume-Uni, c’est les relations tumultueuses avec l’Union qui les agitent. En Autriche, il était au coude-à-coude pour remporter l’élection ce 22 mai. Pour preuve de ce phénomène global, leur représentation au Parlement européen n’a jamais été aussi importante.

Pourtant, aujourd’hui, en France, le FN est, à en croire les sondages, assuré d’être présent au second tour de l’élection présidentielle de 2017. S’il n’a pas remporté de régions, il est néanmoins arrivé en tête au premier tour.

Que dire de plus ? Que faire encore ?

Ce fléau se représente à intervalles réguliers, et nous semblons, à chaque fois, si démunis face à lui. Son terreau est la souffrance, son ciment est la misère. Ne le laissons plus prospérer une fois encore. Le repli sur soi ne peut être la solution. Nous avons besoin d’avoir confiance en l’autre. Il faut mettre son espérance dans un vivre-ensemble national entre les individus, et dans un vivre-ensemble européen entre les peuples. Cet objectif s’impose à titre de pari, sur le modèle du pari pascalien : si nous parions sur l’échec, nous aurons peut-être raison, mais nous perdrons le gain immense, même s’il est moins probable, du succès.

« Les lumières s’éteignent sur l’Europe. Nous ne sommes pas prêts de les voir se rallumer. » avait relevé E. Grey, secrétaire anglais aux Affaires étrangères devant les prémisses de la première guerre mondiale. Attention à ce que cet effroyable constat ne sonne pas comme un nouvel avertissement.

Sur ce sujet, voir aussi : Pays-Bas et France : le spectre de 2005 et Les populismes à l’épreuve de l’Europe

 

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